Chacun peut mesurer à quel point se sont dégradées les conditions d'exercice et de rémunération du professorat
à tous les niveaux d'enseignement depuis la date de sa propre entrée dans le métier, même récente. De plus en plus de collègues,
quel que soit leur âge, envisagent de quitter l'enseignement pour exercer une autre profession, dans la fonction publique
ou dans le secteur privé. Cette page a pour but de présenter quelques possibilités de changement professionnels.
Nous avons éliminé de ce recensement les fonctions traditionnellement présentées par l'administration de l'EN comme des
"perspectives de carrière" les fonctions d'inspection et de direction d'établissement car elles sont trop liées à l'enseignement
et son environnement pour constituer un vrai changement professionnel.
Le professeur candidat à un changement de métier pourra solliciter dans un premier temps la direction des ressources humaines
de proximité de son académie. Cette dernière pourra lui proposer un entretien et le cas échéant un bilan de compétences.
Il faut cependant garder à l'esprit de pas en attendre des solutions toutes faites, en dépit de la bonne volonté
des personnels de la DRH.
1. Changer d'administration par concours
Les corps de la fonction publique (d'Etat et territoriale) sont principalement accessibles par concours externe ou interne. Il est donc possible de s'inscrire et préparer les épreuves de ces concours en se rappelant qu'il est préférable de concourir pour un corps de catégorie A dont les grilles de rémunération sont proches de celles des professeurs agrégés ou certifiés. Le passage en catégorie B pour des professeurs qui relèvent de la catégorie A peut poser un problème de reclassement pour des collègues avancés dans leur carrière. Ils risquent se retrouver rapidement au dernier échelon ou au dernier grade de leur nouveau corps et de ne plus pouvoir évoluer professionnellement. Les primes et indemnités qu'ils percevront dans leur nouvel emploi compenseront largement le manque à gagner de leur grille indiciaire d'origine, mais elles ne seront pas comptabilisées pour le calcul de leur future pension. Informations sur les concours de la fonction publique sur le site choisirleservicepublic.gouv.fr
2. Changer d'administration par détachement
Le détachement permet un accès sans concours à un autre corps de la fonction publique. Pour rejoindre un poste par cette
voie, il faut en faire la demande au rectorat et à l'administration d'accueil par lettre recommandée avec avis de réception
(depuis le site internet de la Poste pour avoir la preuve juridique du contenu de la lettre envoyée). La demande doit
préciser la date de début et la durée du détachement souhaitée. Le rectorat doit répondre à la demande dans les 2 mois
suivant la réception de la demande. L'absence de réponse dans les 2 mois vaut acceptation de la demande. Il est conseillé
de faire la demande au moins 3 mois avant la date prévue pour le détachement.
Une fois détaché, il est possible de demander l'intégration dans le corps d'accueil et donc de quitter définitivement l'EN.
Plus d'information sur le détachement sur le site
service-public.fr
Le site choisirleservicepublic.gouv.fr propose
un outil de recherche d'emplois publics qui peuvent être pourvus par la voie du détachement.
A noter l'existence depuis le décret n°2022-1043 du 22/07/2022 du dispositif d'immersion professionnelle qui
permet à tout agent public de découvrir un nouveau métier dans la fonction publique (Etat ou territoriale). Information sur le site
choisirleservicepublic.gouv.fr
1. En tant que salarié
La recherche d'un poste en entreprise peut se faire sur
le site de l'APEC (Association pour l'emploi des cadres) et ceux
consacrés à la vie professionnelle (LinkedIn,
Indeed, Monster...) où l'on peut
déposer un CV. Il vaudra mieux ne pas mettre en avant son expérience de l'enseignement pour ne pas se voir proposer un emploi de professeur.
Assuré d'être recruté par une entreprise, le fonctionnaire peut démissionner immédiatement de son poste ou à la date qui lui convient.
Il n'y a pas de préavis à donner contrairement au secteur privé. L'administration pourra refuser pour la forme cette démission (et elle le fera
certainement au vu du manque durable de professeurs) mais elle ne dispose d'aucun moyen pour l'empêcher (lire
notre article à ce sujet).
2. En tant que créateur ou reprenneur d'entreprise
Pour créer ou reprendre une entreprise, le fonctionnaire qui ne veut pas démissionner dans l'immédiat peut demander à son administration une disponibilité pour convenance personnelle ou à bénéficier d'un temps partiel pour se consacrer à son projet. Il peut aussi exercer un certain nombre d'activités dites "accessoires" en plus de son activité principale dont la liste est donnée à l'article 6 du décret n°2017-105 du 27/01/2017. Certaines de ces activités peuvent être exercées dans le cadre d'une création ou d'une reprise d'entreprise. Signalons également la procédure de rupture conventionnelle qui peut être demandée pour créer ou reprendre une entreprise avec versement d'une indemnité de départ dont le montant dépend de l'ancienneté de l'agent et du budget alloué par le rectorat à ce dispositif.
Le besoin de formation se pose d'autant plus au professeur candidat à un autre métier que
ce dernier est éloigné de son champ de compétences. Chacun dispose bien
d'un compte personnel de formation
mais l'utilisation de ce dernier est sous le contrôle de l'administration, contrairement au secteur privé où le salarié est
libre de l'utiliser selon ses besoins (à quand l'égalité public privé dans ce domaine?). Pour suivre une formation ou
préparer un diplôme permettant l'exercice du métier envisagé, il faudra faire une demande de congé formation à son rectorat,
même si cette formation ne nécessite pas un congé (absurdité et/ou radinerie de l'EN)
et... patienter un certain nombre d'années avant d'obtenir satisfaction. En effet, l'admninistration hiérarchise les
demandes suivant ses priorités et pas celles des agents. La demande sera donc à renouveler tous les ans jusqu'à obtention
du congé.
Le professeur avec un projet de reconversion devra encore une fois compter sur ses propres moyens et son maigre temps libre
pour se former à son futur métier. Cependant, toute dépense personnelle engagée pour la formation professionnelle est éligible
aux frais professionels dans la déclaration de revenus aux frais réels.
Pour la candidature à un emploi salarié, le futur employeur peut financer les frais de formation notamment
pour les métiers dits en tension mais pas seulement. Cette possibilité sera à négocier avec le futur employeur.