Pour une université à trois vitesses

Pour une université à trois vitesses
Par Pedro Cordoba

Le texte qui suit fut rédigé en décembre 2002 alors que mon université se préparait à présenter ses demandes d’habilitation. Devant le peu de succès rencontré auprès des collègues qui avaient accepté de le lire, j’avais renoncé à le diffuser. Il est aujourd’hui en grande partie périmé pour une raison assez paradoxale : il vient d’être, hélas, confirmé par le « plan d’autonomie des universités » présenté le 19 mai au CNESER. Le seul élément de ce texte qui pourrait être remis en cause concerne les « masters professionnels d’enseignement », exclus par une circulaire ministérielle du 14 novembre et qui reviennent aujourd’hui suite à la pression des IUFM. Mais si ces masters-là devaient voir le jour, les conséquences en seraient encore plus funestes pour l’université. Il me semble donc que les solutions ici proposées à un problème que les universitaires ont obstinément refusé de voir ont aujourd’hui plus de chances d’être entendues.

Je les soumets à la discussion en espérant qu’il pourrait s’en dégager les grandes lignes d’une proposition alternative au projet destructif du Ministère.

Pedro Cordoba, MC, Langues romanes, Université de Reims
Paris, le 23 mai 2003


Pour une université à trois vitesses

La France n’a pas besoin de son Université pour recruter ses élites. C’est de ce constat qu’il faut partir pour comprendre les enjeux et les risques du système LMD. Et pour éviter de soumettre à habilitation des projets dont les conséquences iraient à l’encontre du but poursuivi.

On a même pu dire (Antoine Compagnon) que la France n’avait pas d’Université, au sens où il en existe une dans les autres pays du monde. Le phénomène pousse très loin ses racines dans le passé : c’est François I qui créa le Collège de France, la Convention et l’Empire qui mirent en place les Grandes Écoles. Et, à chaque fois qu’il a fallu adapter l’enseignement supérieur et la recherche aux grandes évolutions historiques, les gouvernements ont toujours préféré créer de nouvelles écoles ou de nouveaux organismes plutôt que de réformer l’Université elle-même : Institut Pasteur, ENA, EPHE, EHESS, CNRS, INRA, ORSTOM, etc. Le phénomène se poursuit avec l’apparition des IUT, des BTS, des IUFM, la création ininterrompue de grandes (ou moins grandes) écoles (il y en a aujourd’hui plus de 400) et la multiplication des « prépas de proximité ». Il est vrai qu’une tendance inverse s’est manifestée au cours des dernières années : création d’équipes mixtes de recherche entre l’université et les différents organismes, mise en place des DESS (qui, lorsqu’ils sont bien ciblés, concurrencent souvent certains diplômes d’écoles d’ingénieur) et des DEA (le seul diplôme universitaire français qui ait obtenu rapidement une reconnaissance internationale et qui attire un nombre relativement important d’étudiants étrangers). Cette évolution positive est cependant contre-balancée par la multiplication par deux du nombre de bacheliers au cours de ces dix dernières années et le refus, pour des raisons politiques, d’instaurer une sélection à l’entrée de l’Université : de telle sorte que le niveau moyen de nos DEUG et licences est aujourd’hui très inférieur à celui des anciennes propés. C’est cet ensemble de données historiques et de tendances contradictoires, ici très schématiquement résumées, qu’il faut prendre en compte pour comprendre les raisons du plan 3-5-8 tel qu’il fut proposé par Jacques Attali. Contrairement à ce qu’on pense parfois, il n’y avait là aucune « injonction européenne ». Il s’est agi d’une initiative française, exclusivement française, visant avant tout à résoudre un problème franco-français, celui de l’articulation entre grandes écoles et université. Dans le contexte actuel de la mondialisation, il est en effet apparu que nos établissements les plus prestigieux ne bénéficiaient d’aucune reconnaissance internationale : l’École polytechnique, cela ne dit absolument rien à nos partenaires américains, japonais ou même allemands et espagnols. D’où l’idée de Jacques Attali – lui-même ancien X – de valider les formations proposées par les Grandes Écoles par un titre immédiatement reconnaissable au niveau international : celui de master, qui correspond au MA américain. C’est en effet le seul niveau où une homologation est possible entre nos deux grands systèmes de formation : à Bac +5 se rejoignent les DEA et DESS d’une part (décomposables en licence +2) et la scolarité des élèves des Grandes Écoles (décomposable en « prépas » +3) d’autre part.

Si l’objectif du plan-Attali avait été « l’harmonisation européenne », il aurait fallu mettre en place des licences à Bac+4, celles qui existent dans tous les pays européens selon le standard mondial du BA américain. La Coordination des Départements de lettres, créée à l’occasion de la réforme des Capes, avait remis au Ministère un rapport cosigné par une cinquantaine d’universitaires qui proposait une telle licence à Bac+4, avec une première année d’orientation universitaire sur le modèle des anciennes propés : il n’en fut évidemment tenu aucun compte. Mais quoi qu’il en soit des vraies raisons de cette réforme et quelle que soit la solution retenue pour les licences (doses plus ou moins grandes de pluridisciplinarité), le vrai enjeu se situe donc au niveau des masters et cela, du moins, semble aujourd’hui clair pour la totalité des universitaires. Il est d’autant plus important que nos propositions soient compatibles à la fois avec les projets ministériels et avec les intérêts de l’Université elle-même, que le gouvernement aura toujours tendance, pour les raisons historiques rappelées plus haut, à vouloir sacrifier, surtout si nous lui fournissons des armes susceptibles d’être retournées contre nous.

Passons rapidement sur un problème qui semble aujourd’hui éliminé : les « masters professionnels d’enseignement », promus par les IUFM pour obtenir une validation universitaire de leur formation et pour pouvoir se débarrasser, en les renvoyant faire un master à l’université, de leurs étudiants ayant échoué aux concours de recrutement. « Valider l’échec », la formule est pour le moins étrange. L’idée de reconnaître par un diplôme universitaire (le master en l’occurrence) la réussite à un concours de haut niveau comme c’est le cas pour l’agrégation n’était pas absurde en soi. Il était même tout à fait envisageable, puisqu’il s’agit effectivement là d’une formation universitaire à Bac+5, de valider par un master la préparation à l’agrégation y compris en cas d’échec : il aurait suffi de poser certaines conditions claires, une admissibilité, par exemple, ou une sous-admissibilité + éventuellement un ou deux modules complémentaires. Diverses solutions étaient envisageables, plus ou moins adaptées selon les disciplines, mais elles avaient pour caractère commun de s’inscrire dans une réorientation sur la recherche : donner un « master professionnel d’enseignement » à des candidats reconnus inaptes à l’enseignement, c’est franchir les frontières du paradoxe pour tomber dans le domaine de l’ineptie. Et toutes ces solutions se heurtaient à la volonté des IUFM d’étendre ce dispositif de validation au concours de professeur des écoles et au Capes. Non concernés par les épreuves théoriques de l’agrégation, les IUFM n’auraient jamais accepté d’être exclus d’un « master professionnel d’enseignement ». Quant aux universitaires, il leur était impossible de mettre sur le même plan tous les concours de recrutement comme s’il n’y avait entre eux aucune différence de niveau scientifique, comme si l’on pouvait mettre sur le même plan le master d’un polytechnicien ou d’un agrégé et le master d’un professeur des écoles ayant échoué au concours. Devant ce conflit sans issue, la position adoptée par le Ministère dans la circulaire du 14 novembre semble la plus sage : les concours sont les concours et comportent leur propre sanction, ils sont en tant que tels indépendants des masters. Dans ces conditions, il semble évident qu’à plus ou moins long terme, le master devra devenir un pré-requis de l’agrégation, ce qui résoudra une fois pour toutes le dilemme où se trouvent aujourd’hui nos étudiants : faut-il d’abord préparer l’agrégation ou faire un DEA ? Dans ces conditions aussi, un nouveau problème ne tardera pas à se poser. Car ou bien le master devient aussi un pré-requis du Capes ou bien le fossé entre les deux concours se creuserait tellement que l’agrégation deviendrait ce qu’elle est déjà en grande partie : un concours du supérieur, recrutant des enseignants pour le niveau post-bac (classes prépas, premier cycle universitaire) ou constituant un « plus », différemment apprécié selon les disciplines, dans un dossier de candidature à un poste de maître de conférences. Quant aux certifiés, recrutés au niveau d’un diplôme de premier cycle et à peine moins ignorants que leurs élèves, ils pourraient enfin « interréagir » avec eux, selon le mot-valise involontairement forgé par le géologue explosif qui régna un temps rue de Grenelle. Si l’on veut donc maintenir la différence entre certifiés et agrégés sans pour autant faire des nouveaux certifiés des « interréacteurs », il faut envisager de maintenir, entre les grades de licence et de master, un diplôme à Bac+4 qui serait un prérequis du Capes (nous reviendrons sur ce point).

Une fois écartée l’hypothèse d’un « master professionnel d’enseignement », restent donc deux problèmes d’importance inégale : les masters professionnels (anciens DESS) et les masters recherche (anciens DEA). Nous sommes relativement moins concernés, dans les disciplines qui sont les nôtres, par les masters professionnels, orientés sur le monde de l’entreprise ou celui de l’administration publique. Ce n’est pas une raison pour les négliger. Bien ciblés, ils peuvent constituer d’excellents débouchés pour un grand nombre de licenciés qui ne vont pas tous devenir des chercheurs de haut niveau et pour lesquels une simple licence, destinée à subir une dévalorisation rapide, ne constituera pas demain un atout suffisant. De nombreux départements scientifiques ont déjà une expérience très positive des DESS qu’il s’agit simplement de poursuivre. Quant aux départements littéraires, ils sont moins démunis qu’on ne pense souvent. Des formations professionnalisées sont tout à fait envisageables dans les départements d’histoire et de géographie : aménagement du territoire, conservation du patrimoine (paysages, archéologie industrielle, bibliothèques, musées) ; dans les départements de lettres (bibliothèques, métiers de l’édition et de la communication y compris dans l’entreprise) ; dans les départements de langues (traduction spécialisée, édition) ; dans les départements de philosophie (sciences cognitives, bio-éthique), etc. Ces masters professionnels constituent aussi une excellente formation pour la presque totalité des concours administratifs de la catégorie A dont l’université, obnubilée par les concours de l’enseignement, a bien tort de se désintéresser car les « clients » potentiels sont fort nombreux. Il faut, dans tous ces cas, que les départements concernés acceptent de s’ouvrir à des disciplines voisines et même à celles qui peuvent nous sembler très lointaines comme les sciences politiques, la médecine ou le droit.

La question qui nous tracasse le plus en ce moment est cependant celle des masters recherche. Que faut-il mettre sous cette étiquette ? A quelles conditions seront-ils viables ? Les projets des départements et ceux du ministère sont-ils compatibles ? Les interrogations sont nombreuses et le silence prudent du ministère, qu’il convient de décrypter, n’arrange guère les choses.

Il y a aujourd’hui entre les textes officiels, plus ambigus qu’il ne semble, et les souhaits, compréhensibles mais totalement illusoires, des responsables de la recherche universitaire une convergence apparente qu’il convient de dissiper. La circulaire du 14 novembre 2002 confirme sur ce point les textes précédents : le master recherche doit être lié à l’existence d’équipes de recherche performantes. Les universitaires y voient une occasion de renforcer les équipes existantes (ou de rendre performantes celles qui ne le sont pas). La plupart des projets élaborés ou discutés en ce moment partent donc de l’idée qu’il faut « projeter vers le bas » des Écoles doctorales souvent chancelantes, en y intégrant les actuelles maîtrises de telle sorte que le master soit davantage un DEA en deux ans qu’une maîtrise en deux ans. Or ils ne peuvent être ni l’un ni l’autre et l’essentiel est de ne plus raisonner dans le cadre périmé des maîtrises et des DEA. Implicite ou avoué l’objectif des « patrons » de la recherche universitaire est clair : augmenter le nombre des étudiants actuellement inscrits en DEA et, par suite, celui des doctorants. Inavoué, et en grande partie inavouable, l’objectif du ministère est tout à fait différent : rendre les masters extrêmement sélectifs, à la fois par le nombre d’habilitations et par les critères d’admission. D’où le malentendu actuel : en mettant mêmement l’accent sur la dimension « recherche », les uns et les autres poursuivent des objectifs incompatibles.

Il convient pour avoir une idée un peu plus claire de la situation de considérer quelques chiffres. Il se soutient aujourd’hui 55 000 thèses par an en France dont 40% dans le seul domaine des lettres et sciences humaines. C’est trop, beaucoup trop, si du moins les thèses doivent conserver une valeur minimale pour ce qui est de la recherche scientifique de haut niveau. Un tel nombre implique qu’il est tout à fait impossible, dans le cadre d’une seule et même discipline, d’être tout simplement au courant des thèses qui se soutiennent, de les lire ou même d’en connaître l’existence (sans même parler des recherches menées à l’étranger puisque la science ne saurait avoir de frontières). Or qu’est ce qu’une recherche qui demeure inaccessible non seulement au vaste public des « honnêtes hommes » mais aux autres chercheurs travaillant sur le même domaine et qui devraient être, en principe, les principaux intéressés ? Le problème est considérablement aggravé si l’on considère que 50% des étudiants inscrits en DEA ne soutiennent pas leur mémoire et que 50% des doctorants ne soutiennent pas leur thèse. Vouloir, dans ces conditions, centrer les masters sur la recherche – c’est-à-dire les orienter sur la rédaction d’une thèse – relève de l’utopie pure et simple. D’autant plus que toute politique de l’offre qui ne tienne pas compte de la réalité de la demande est condamnée à un échec inéluctable. « Projeter vers le bas » une École doctorale implique d’offrir une formation relativement pluridisciplinaire à une clientèle qui s’avèrera très vite inexistante. Le niveau moyen de nos licenciés est aujourd’hui très faible. Si les licences doivent devenir davantage pluridisciplinaires, il le sera encore plus. Si les masters recherche sont eux aussi pluridisciplinaires, aucun étudiant n’aura le niveau minimal dans sa discipline pour entreprendre quelque thèse que ce soit, ni dans un secteur pointu de telle ou telle discipline ni à l’interface de plusieurs domaines de recherche. En outre – et c’est le plus important du point de vue des « clients » potentiels – une telle formation n’offre aucun autre débouché que de s’inscrire en thèse : à quoi d’autre pourrait servir un « master de littératures étrangères » comme celui qu’on envisage de créer à Paris VIII ? Il serait même impossible aux titulaires d’un tel master de préparer une agrégation de lettres, d’anglais ou d’espagnol qui exigent des connaissances spécifiques dans chacune de ces disciplines (ancien français en lettres, linguistique et civilisation en langues vivantes). Satisfaisant pour les différents professeurs spécialistes de littérature à l’Université, un tel dispositif signifierait à très brève échéance la disparition de l’agrégation faute de candidats susceptibles de la présenter. Mais ce n’est pas tout. Les collègues qui se sont engagés dans cette voie ne semblent pas s’être posé une question élémentaire : quels étudiants vont choisir un tel parcours ? Comment peut-on imaginer qu’un licencié choisira de s’engager dans un cycle de cinq ans d’études minimum (master + thèse puisque le master ne représenterait rien par lui-même) alors qu’il peut, avec sa licence, passer le concours de professeur des écoles ou le Capes, qu’il peut aussi choisir un master professionnel offrant un débouché réel et plus rapide ? Autrement dit, ces masters resteront des coquilles vides et au lieu de « récupérer » au sein de l’École doctorale les étudiants qui aujourd’hui s’inscrivent en maîtrise, on s’apprête à régner sur un désert. Aucun licencié ne choisira ce type de masters dans un département modeste – ou en si petit nombre que leur mise en place sera impossible pour des raisons budgétaires. Les quelques étudiants qui auraient déjà, au sortir de la licence, un projet de thèse et qui n’envisageraient pas de passer l’agrégation (car ces deux conditions sont requises pour un tel choix) se dirigeraient alors vers une autre université plus puissante où le nombre des inscrits atteindrait la masse critique permettant d’ouvrir ces « masters-recherche » et dont le déplacement des flux étudiants conforterait peu à peu le statut de « pôle d’excellence ».. En voulant donc renforcer leurs équipes et augmenter le nombre des doctorants, ces responsables de la recherche dans les « petites universités » obtiendront donc le résultat inverse à celui qu’ils attendent : ils vont perdre leurs maîtrises car on ne pourra pas délivrer des demi-masters. Ils n’auront plus alors qu’une solution : s’inscrire eux-mêmes dans ces flux en mouvement et chercher à décrocher un poste dans un « pôle d’excellence ». La concurrence risque d’être rude, les appelés fort nombreux et les élus beaucoup plus rares. C’est ainsi qu’une trop grande ambition aura deux conséquences non voulues et pourtant prévisibles : la disparition de l’agrégation et la constitution d’une université à deux vitesses.

Bien qu’on ait mis aujourd’hui une sourdine sur ce thème, le projet ministériel est en effet le suivant : transformer la très grande majorité des facs en « collèges universitaires » s’arrêtant à la licence (qui ne seront donc plus des universités puisque toute recherche y deviendra impossible) et concentrer les vrais cursus universitaires (LMD) dans un tout petit nombre de « pôles d’excellence » travaillant en partenariat avec grandes écoles et organismes de recherche. En s’obstinant à mettre en place des « masters recherche » non-viables, les universitaires ne font qu’ajouter de l’eau à ce moulin. La seule solution envisageable implique un effort de lucidité : on ne peut pas proposer aux licenciés actuels de s’engager directement dans la recherche . Il faut donc assumer que les masters-recherche ne peuvent pas être des masters DE recherche mais des masters POUR une recherche à venir. Autrement dit, ils doivent consister en deux années d’études spécialisées dans une discipline et ressembler davantage à des super-licences qu’à des infra-DEA. Et cela est d’autant plus indispensable que les licences, elles, ne peuvent devenir que de plus en plus pluridisciplinaires et donneront tout au plus une « culture générale dans la discipline ». Dans le nouveau schéma, les études disciplinaires n’ont pas d’autre place possible que les deux années de master. Et c’est d’ailleurs l’hypothèse retenue dans le « rapport-Renaut ». Mais il faut aussi que les universitaires acceptent une réalité incontournable : toutes les universités ne peuvent pas offrir des études doctorales. On aboutirait ainsi à un « système à l’américaine » avec une université « à trois vitesses » :

La recherche se fait en doctorat, pas en master. C’est de cette évidence qu’il faut partir. Accepter un modèle « à trois vitesses » est le seul moyen d’éviter la mise en place d’un modèle « à deux vitesses » où seules les très grosses universités tireraient leur épingle du jeu, toutes les autres n’ayant plus que deux missions : dissimuler les vrais chiffres du chômage des jeunes en accueillant de faux bacheliers menés jusqu’à la licence à grands coups de remédiations, capitalisations et compensations ; fournir aux IUFM des cuvées de « licenciés light » et facilement « professionnalisables » car trop ignorants pour devenir de vrais enseignants du secondaire et même du primaire.

En conclusion : il faut renoncer à l’utopie des masters-recherche et demander la mise en place de masters disciplinaires. Nul ne doit pouvoir prétendre qu’il a fait des études d’anglais, de chimie ou d’histoire s’il n’est pas titulaire d’un master – ou au moins d’une maîtrise – dans sa discipline. C’est seulement dans ce cadre que nos diplômes retrouveront quelque crédit et que l’on évitera une « décentralisation à l’envers » : hyper-concentration des études supérieures autour d’un tout petit nombre de vraies universités et des régions entières transformées en déserts.

Pedro Cordoba, MC, Langues romanes, Université de Reims