Réponse à Gnafron ou les avantures de Snesuperman

Réponse à Gnafron ou les aventures de Snesuperman

Le syndicalisme, en faisant aboutir les revendications des personnels qu'il défend, transforme pour ainsi dire le rêve en réalité ; cela vient de se confirmer.

Tout le monde connaissait Superman, popularisé par le cinéma et la télévision  ; eh bien ! le voilà devenu réalité (syndicale) en la personne de Snesuperman qui rivalise haut la main avec son illustre presqu'homonyme imaginaire, puisqu'il peut lire les arrêts du Conseil d'État à l'envers (ce qui n'est pas un mince exploit, au regard de la difficulté qu'on rencontre parfois à les lire à l'endroit…), et accessoirement, transformer une défaite en victoire (et vice versa).

De quoi s'agit-il exactement ? D'une chose toute simple : certain syndicat très-bien-en-cour, fort marri d'une mesure ministérielle qui va à l'encontre de ses vœux, obtient du ministère qu'il la modifie à son avantage (le tout sous le manteau, dans la plus pure tradition du dit syndicat); certain autre syndicat, éventant la manœuvre, fait annuler la modification par le Conseil d'État.
Que croyez-vous qu'il arriva ? Ce fut le premier syndicat qui gagna (et conséquemment, le second qui perdit) !
Mieux encore, la mesure initiale s'en trouva annulée ! ! !
Snesuperman était passé par là. Extraordinaire, n'est-ce pas ?

Tout comme Superman a une identité secrète sous laquelle il écrit des articles, Snesuperman écrit lui aussi (dans le forum-supérieur : fort homme supérieur, ça ne s'invente pas…) sous son identité secrète (Bernard R.) des articles où il relate ses hauts faits, sans manquer de nous décrire le monde merveilleux qu'il s'emploie à construire, ni de nous exhorter à rejoindre sa bannière pour en profiter. C'est tellement beau qu'il faut être un Lex Luthor (un Snelex Luthor, pour mieux dire…) pour ne pas pleurer de tendresse.

Dans ce " brave new world, that has such people in it " qui nous est peint, les commissions de recrutement, entre autres, fonctionnent remarquablement : débarrassées qu'elles sont des contingences détestablement corporatistes, elles peuvent opérer leur sélection en fonction de la vraie valeur des candidats (décelée dans leur " parcours " et l'intérêt qu'il a pour le recruteur, s'il vous plait  !).

Ah ! qu'en termes galants ces choses-là sont mises !
L'auteur nous apprend, à l'appui de son point de vue, qu'il a déjà présidé de telles commissions : tous mes compliments à Monsieur le Président, que je suis d'autant mieux placé pour lui présenter que j'ai moi-même participé aux dites commissions.

Partant, je m'offre même à soutenir un débat avec lui sur la manière dont les choses s'y passent, en le prévenant charitablement qu'il lui sera totalement inutile de jouer les vierges effarouchées en avançant des arguments du genre " Mais qu'allez-vous penser là, Monsieur ? Je ne suis pas celle que vous croyez  ! " : il y a longtemps que je les sais, lui et ses amis, ne pas être en effet ce qu'ils voudraient qu'on les croie.

Et en guise d'introduction à cet éventuel débat, qu'il me soit permis de taquiner l'anecdote.
A certaine époque et en certain lieu (que je ne préciserai pas), nous nous amusions, quelques amis et moi-même, de la précision apportée à profiler certains postes mis au recrutement, et ceci à tel point qu'il n'était pas déraisonnable de se demander s'il pouvait se trouver deux candidats répondant au profil décrit ; et nous avions inventé (à peine) des libellés du style " un professeur agrégé (ou certifié, ou…) : outre ses compétences proprement professionnelles, le candidat devra avoir entre trente-cinq et quarante ans, être vacciné contre l'hépatite C depuis moins d'un an et depuis plus de trois mois, et justifier d'une solide expérience du patin à roulettes ", riant de bon cœur à imaginer la tête que ferait la commission s'il venait à débarquer une douzaine de candidats remplissant tous ces critères.

Quant à la défense des agrégés (conjointement à celle des certifiés, of course) qui serait (qui sera) bien mieux assurée par un syndicat "généraliste" que par une officine (sic) corporatiste (re-sic), en y mettant comme condition de ne pas être trop SAGES (quelle belle chose que l'humour …), je confesse avoir quelque mal à suivre l'argumentation, quoiqu'ayant pourtant tenté l'effort (sans doute démesuré pour le "secondaire " que je suis) de me hisser au degré d'agilité mentale " supérieur " pour comprendre.

En fin de compte, la dialectique me rappelle beaucoup celle que brocardaient certaines blagues en circulation dans la défunte Yougoslavie du maréchal Tito, et concernant les rapports entre Croates et Serbes ; mais leur teneur est assez rustaude, aussi ne les rapporterai-je pas.

En leur lieu et place, j'en adapterai une autre, venue des régions voisines. Un Croate et un Serbe déambulent en ville en toute confraternité fédérale (et syndicale multicatégorielle et généraliste, cela va sans dire), quand ils tombent sur un portefeuille bien garni, malencontreusement abandonné sur le trottoir par son propriétaire (très vraisemblablement impérialiste occidental, et sans grand doute, corporatiste) ; le Serbe le ramasse prestement et, se tournant vers le Croate, lui dit : " Allons ! On va partager ça en frères ! " ; et le Croate de répondre : " Si ça ne te fait rien, j'aimerais autant qu'on partage moitié-moitié ".

Mais après cette agréable excursion dans les Balkans, revenons en France où chacun sait bien que la fraternité n'est pas un vain mot (puisqu'elle figure dans la devise de la République), qu'elle concourt au bonheur collectif et que personne ne songerait à s'en servir pour abuser ses semblables, et surtout pas les syndicats " majoritaires " (de l'Éducation nationale en particulier) qui non seulement ont l'oreille (attentive) de l'administration, mais encore disposent dans icelle de bon nombre de sympathisants (si ce n'est d'adhérents), étant par là même en position, et de faire prévaloir le souci du bien commun qui les anime exclusivement, et d'obtenir sa mise en actes avec la bienveillante collaboration des bureaux.

Dans ce pays (et son Éducation nationale en particulier), tout devrait donc, que dis-je devrait ? tout doit admirablement fonctionner. Tout fonctionne admirablement  ! Que me dit-on ? Ce n'est pas le cas ? Mais alors… alors… ? ? ?

Jean René AUBRY, membre du Bureau national du SAGES