J'ai été "victime" d'une visite d'un formateur IUFM samedi, en présence de mon auguste tutrice, et le verdict était sans appel, ma prestation me valait d'être recalé sans appel... Pourquoi? mes "objectifs" n'étaient pas assez clairs, ou plutôt n'étaient pas assez clairement formulés pour être opérationnalisés, et grosso modo, on me reprochait de ne pas montrer que j'étais "passé par l'iufm" (vous diriez sûrement "formatté"), ce à quoi j'ai eu beaucoup de mal à réprimer un "God forbid!" vindicatif...)
Entre autres, on m'a dit que mes réponses étaient intelligentes,
mais en substance, on ne me demandait pas d'être intelligent.
Un exemple
particulier, (j'étais avec une classe de 1ère S LV1, qui n'est
pas brillante, notamment au niveau de son sérieux : les autres collègues
parlent de dilettantisme généralisé). Je leur fais donc
faire une phrase où ils opposent les Catholiques et les Protestants en
Ulster. Pour exprimer l'opposition, un élève propose "however",
que j'accepte, en disant qu'on a donc deux phrases. Je leur demande donc de
ne faire qu'une phrase. J'attendais "whereas". Je ne l'ai pas eu (parce
qu'ils ne le connaissaient pas). Donc, qu'à cela ne tienne, je le leur
donne, et le mets en rouge dans ma phrase au tableau. Je répète
bien qu'il s'agit d'un lien d'opposition, et je vais même jusqu'à
dire que however c'est "pourtant/cependant", et whereas "tandis
que". Donc ils ont tout, une phrase, la notion, et le français (parce
que le tout anglais, OK, mais ils ont besoin de ce genre de traduction. J'ai
été élève il n'y a pas si longtemps que cela, et
c'est rassurant parce qu'on révise dans les deux langues, en croisant).
Donc ils n'ont pas de raison de ne pas l'apprendre.
Et bien figurez vous qu'on
m'a reproché que mon "objectif linguistique" n'était
pas assez clair, et que je l'avais loupé, parce que je n'avais pas fait
faire de phrases de manipulation aux pitits nélèves, des 1ères
S, rappelont le. Bon alors je suis au collège en pratique accompagnée,
et j'ai des 6èmes et des 5èmes, qui sont très gentils,
et j'aime beaucoup faire cours aux 6èmes, et je leur fais répéter
à satiété des phrases comme "I've got a dog",
"what have you got?", "I've got a cat", etc. (c'est encore
tout frais). Mais des 1ères S, enfin bon, j'ai moi même fait S,
ce que j'ai fait aurait suffi à l'ensemble de ceux qui notent et apprennent
leur vocabulaire. Pour moi whereas, dans ce cas, c'est du vocabulaire plus que
de la grammaire, pas la peine de s'éterniser là-dessus, sinon
on n'avance pas du tout (déjà avec 2 heures par semaine et tout
ce qui passe à la trappe...) Donc on m'a aussi fait reproche de toujours
vouloir aller trop vite... Alors que franchement je ne pense pas aller trop
vite !
Aussi, la dernière fois, le formateur (celui qui formate), un fumiste nommé X (ma tutrice de collège m'a dit que c'était un dilettante, c'est pour ça que je me permets d'en faire un fumiste), m'avait reproché de ne pas "penser à tout", de ne pas parer à toute éventualité ("et s'ils ne te répondent rien à cette question, tu fais quoi ?"). Donc, là j'avais tout prévu, plein de questions "de sauvetage": bref, pour chaque mot que je voulais entendre (et donc leur faire écrire), j'avais une série de questions prévues et ils étaient obligés, grâce à la stratégie de mon questionnement, de me donner ce que je voulais... Résultat : on m'a reproché mon "approche magistrale ne reposant que sur le questionnement" (citation approximative), en ajoutant que ça c'était bien pour le supérieur mais pas pour le lycée (ce qui m'arrange plutôt bien, entre nous soit dit).
On m'a donc proposé (imposé) la visite-conseil de l'autre formateur, un certain Y qui, à l'IUFM, se charge des stagiaires lycée (alors que X s'occupe des collèges. La raison pour laquelle ce n'est pas Y que j'ai eu est qu'il enseigne dans le même établissement que moi. Je ne vois pas ce que ça change mais bon...), sous prétexte que lui saura mieux quoi me conseiller pour l'inspection.
On m'a encore répété que je n'étais pas certain d'avoir un IG (l'un des deux "habitués" serait un certain M., dont X m'a dit qu'il avait l'esprit, je cite "très très très très très ouvert", ce qui m'arrange....), mais plutôt un IPR (l'épithète obtus me semblant redondant), alors qu'il me semble bien que vous m'avez dit au téléphone que si j'étais recalé par un IPR, j'avais droit de faire appel pour être contre-inspecté par un IG.
Ah oui, quelque chose qui devrait vous amuser (...), j'ai sorti à X (un peu énervé je dois dire, surtout que je suis en train de perdre mon grand-père donc je ne suis pas très patient et encore moins enclin à courber l'échine qu'avant) que de toute façon, il ne fallait pas exagérer, les agrégés ne se font pas recaler, et il m'a dit que si, un par académie et par an. Ce qui voudrait dire qu'il y aurait des quotas, et donc un "pigeon" par an ? En tout cas, je sais que le seul autre agrégé de ma promotion est aussi dans mon lycée, et je crois ne pas trop m'avancer en disant qu'il ne suit pas du tout les directives de l'IUFM. Une hécatombe des agrégés se profile-t-elle donc? Ou tout cela n'est-il encore que foutaise? (il ne s'agit pas d'une vraie question, il me semble...)
Voilà je voulais vous faire part de mon dégoût grandissant, et d'une certaine inquiétude, au sujet de ces questions et du chantage à la titularisation.
Encore un point dont vous pourrez vous servir dans vos argumentaires, sous forme de mini témoignage: ce matin, avec mes secondes LV2 nullissimes (dans toutes les matières, bien plus dans les autres qu'en anglais d'ailleurs...), j'ai atteint un point où j'étais presque entre les larmes et l'instinct de prendre mon manteau et de les laisser en plan. Pas qu'ils se conduisent mal non, ils sont assez "sages" dans l'ensemble. C'est juste une question de rien-foutisme aigu. On peut les punir, mettre des mots sur les carnets, les sermonner, les encourager, leur dire que c'est important etc..., ils ne foutent rien. Une élève m'a demandé comment on disait "pratique", alors qu'il y a "convenience" dans le titre du texte (le TITRE !!), et qu'on a vu convenient, handy, useful et d'autres mots... Elle ne connaissait donc pas le TITRE du texte, et elle n'était pas la seule... Bon, mais le pire, c'est quand même quand, en passant dans les rangs (je fais des kilomètres en une heure), j'ai vu qu'un des élèves, particulièrement immature, je dois dire, n'avait pas fait son exercice, qui consistait à remettre dans l'ordre 4 vignettes d'un Calvin et Hobbes, mais qu'il s'était amusé à colorier lesdites images. C'était bien colorié je dois dire, le tigre était de la bonne couleur etc..., mais la première chose qui m'est venue à l'esprit a été de me demander pourquoi diable je m'étais "amusé" à passer l'agrégation l'année dernière, si c'était vraiment pour animer une garderie avec atelier coloriage.... Non je ne crois pas... Mais bon, ce doit être de ma faute, et c'est moi qui doit être dans l'erreur (doctrine IUFM).
Voilà, je comprends maintenant de l'intérieur ce dont vous parliez en évoquant le "dégoût" des jeunes agrégés. Et croyez-moi, Jospin et Lang n'auront pas mon suffrage !
Note : ces initiales sont celles d'un pseudonyme de notre collègue stagiaire, dont il usait pour se mettre en relation avec le SAGES - ou autres associations critiques -, de peur d' "être repéré"... et traité en conséquence ...