"Ils se sont faits dévôts de peur de n’être rien", Voltaire à d’Alembert .
Pédagogie: définition Pédagogie. n, fem. ( V. Flatus vocis)
La pédagogie est devenue une nouvelle scolastique pédantesque, consternante de stupidité et d'inanité, qui permet de pallier l'incompétence dans les disciplines et de faire vivre un certain nombre de planqués prébendiers qui sont nos précieuses ridicules et nos médicastres à chapeaux pointus. Ces nouveaux Diafoirus, qui ne sont jamais au chevet du malade (c'est à dire qui sont toujours très loin des élèves ... ) ont toujours le clystère dernier cri ou la saignée propitiatoire, selon les chapelles, pour sauver le patient moribond. Jocrisses suffisants et pleins d'eux mêmes (ce sont parfois des inspecteurs de l’E.N.), pionniers du Néant scolaire, ils utilisent un langage nul, creux et insipide, mais qui devient le véritable cancer des disciplines tant littéraires que scientifiques. La didactique est la monnaie de singe des temps difficiles...Il n'y a plus d'or dans les caves, mais on fait marcher la planche à billets, c'est à dire qu'on met en circulation des concepts baudruches en veux tu, en voilà. C'est une inflation qui évolue en flatulences et se termine en... météorismes : il suffit de penser au très sérieux référentiel bondissant qui désigne le ballon dans les instructions pédagogiques à l'usage des professeur d'EPS. Gonflé, non ?
Quant aux prétendues sciences de l'éducation, elles sont une fumisterie solennelle qui nourrit assez grassement quelques cuistres incultes et peut même leur ouvrir les portes de l'Université sur laquelle ils déversaient naguère leur bile de mauvais étudiants pseudo révolutionnaires, ennemis jurés de la culture bourgeoise dès qu'ils entendent parler culture, humanités, ou pis littérature, ces cancres arrogants sortent leur revolver. Pas question d’évoquer le mérite, le travail ou l'intelligence : ça recréerait une bourgeoisie...
Le maximalisme égalitaire est une machine à broyer ubuesque, un rouleau compresseur qui ne veut pas voir une tête dépasser. Malheur à la différence, malheur à l'aptitude hétérogène, malheur au talent aberrant. Triomphe de la médiocrité paresseuse qui ne se connaît plus que des droits et des dûs. Apothéose de l'hypocrite démagogie que l'on rebaptise “ démocratie ”.
Et, en effet, nos faux dévots de la cause des élèves vidangent le contenu réel des enseignements au profit de la forme du cours, qui seule devrait retenir les efforts du professeur. Comme si les fameuses séquences de l'enseignement du français, par exemple, étaient une panacée !
La vraie pédagogie est affaire de psychologie, de bon sens, et de réflexions sur le terrain. Elle n'est pas une science mais une pratique multiforme, parfois intuitive, toujours empirique et qui ne saurait être appréhendée hors de la compétence disciplinaire et de la libido sciendi qui en est à la source. Elle n’est surtout pas cette logomachie mâtinée de langue de bois et de politiquement correct qu'on voudrait nous faire ingurgiter. Elle n'est pas non plus ce stakhanovisme gesticulatoire qui s'empare de certains collègues un peu naïfs, frappés par une révélation et qui veulent, à coup de concertation, vous convertir à leur évangile scientologique. Laissons donc ces illuminés à leur danse de Saint Guy ! Ces petits témoins de Jéhovah Meirieu sont sans doute intéressés à ce que le cours de français ou de mathématiques ne consiste ni en français ni en mathématiques : leur compétence "scientifique" est, hélas!, fréquemment en dessous de la médiocre et nos lémuriens en mal de reconnaissance intellectuelle compensent leurs lacunes et même leur insuffisance par des singeries mimétiques qui les rassurent en les mettant en paix avec leur conscience et leurs chefs...
Mais retournons donc les clystères contre les doctes messieurs, donneurs de leçon, qui font travailler les autres (toutes les réformes ont abouti à un accroissement insupportable de la charge de travail des enseignants, alors que ce sont les élèves qu'il faudrait mettre au travail ou les bureaucrates zélés, vendeurs d’orviétan, qui détiennent la Formule et l'élixir de longue vie pédagogique et veulent nous le faire fabriquer à leur place).
Et, par la même occasion, débarrassons nous de cette verbigération scientiste fermentée dans le galimatias idéologique, cette pisse de chat bureaucratique, cette gélatine industrielle savamment édulcorée et scrupuleusement conforme au cahier des charges imposé par le politique et les autorités sanitaires (ses vertus carminatives, comme dirait Rabelais, n'étant pas par ailleurs révoquée en doute) : je veux parler de la phraséologie du discours didactique, cette logorrhée technocratique que les apparatchiks de la société libérale libertaire épandent sur la culture pour la tuer en douceur. Cette chape visqueuse n'est pas anodine, c'est une ignoble pharmacie qui ne se propose rien moins en effet que de noyer et d'édulcorer toutes choses, de liquider la littérature et la philosophie, de neutraliser les intelligences et d'étouffer les humanités.