L'éducation à la britannique

L'éducation à la britannique

Témoignage fort instructif, d'une enseignante écossaise professeur d'anglaisà Saint Louis,
sur les conséquences de la décentralisation de l'éducation en Grande Bretagne.

Enseignanteà la Réunion, d'origine écossaise, je souhaiterais m'adresser aux parents et rendre compte de l'état de l'enseignement en Grande Bretagne, modèle que le gouvernement français semble vouloir adopter.

Dans mon pays l'éducation dépend des régions et dans nos établissements il n'y a pas d'assistantes sociales, d'infirmières, de conseillers d'orientation, de surveillants, de CPE, d'intendants. Tout le travail de ce personnel essentiel et qualifié est donc effectué par les professeurs (qui ont beaucoup plus d'heures de cours) et par les chefs d'établissements - des personnels qui n'ont pas la formation pour accomplir ce travail.

Qu'est ce que cela veut dire concrètement pour les élèves et les parents ?

La qualité de l'enseignement est nettement inférieure parce qu'on ne peut pas exercer plusieurs métiers en même temps et qu'il est alors difficile de consacrer suffisamment de tempsà nos élèves,à la préparation des cours et aux corrections. Résultat : le travail est superficiel et les devoirs simplifiés sont souvent corrigés en classe par le voisin.

Des enseignants surmenés quittent la profession et il y a des problèmes de recrutement. Dans certaines régions on bouche les trous en primaire avec des étudiants d'autres pays européens. Dans le secondaire les enseignants remplacent leurs collègues malades : un professeur de maths peut remplacer un collègue en allemand par exemple; résultat : aucune garantie de qualité. Un taux d'absentéisme alarmant chez nos élèves, faute d'un encadrement efficace (pas de surveillant, ni de CPE); résultat : davantage de délinquance.

Depuis 10 ans énormément d'écoles en Angleterre ont décidé de quitter le public pour devenir 'Independants Schools" et sont ainsi devenues payantes; résultat  : des écoles de qualité pour ceux qui en ont les moyens et l'école publique pour les autres.

Personnellement je ne mettrais pas mes enfants dans une école publique chez moi et je n'arrive pasà croire que les français vont accepter qu'on leur impose un tel modèle.

L'éducation de nos enfants n'a pas de prix. En reléguant progressivement le système éducatif aux régions, celles qui sont les plus démunies n'auront d'autre choix que de se tourner vers le privé, amenant un modèle d'écoleà deux vitesses. Dans mon pays nous n'avons pas compris les dangers et nous en payons maintenant lourdement les conséquences. Je souhaite de tout mon cœur, pour nos enfants, que les français vont réagir. Il faut protéger l'égalité des chances pour chaque enfant.

En France le système d'éducation est d'une très haute qualité. Si vous ne me croyez pas allez voir comment cela se passe ailleurs. Cette mobilisation concerne tous les français, de toutes les régions, dans le public et dans le privé. Le personnel de l'éducation nationale est dans la rue aujourd'hui avant tout pour protéger l'avenir de vos enfants, de nos enfants. Venez nous parler, venez demander des explications et vous comprendrez alors que nos inquiétudes sont également les vôtres.

par un professeur d'anglais,
Saint Louis.