PROPOS SUR L'EDUCATION suivis de PEDAGOGIE ENFANTINE, par ALAIN, éd. Quadrige/PUF.
" L'immense danger, et l'urgence, toujours aussi pressante, de tirer l'humanité de la barbarie proche, commandent d'aller droit au but humain. Il faut que l'enfant connaisse le pouvoir qu'il a de se gouverner, et d'abord de ne point se croire; il faut qu'il ait aussi le sentiment que ce travail sur lui-même est difficile et beau. Je ne dirai pas seulement que tout ce qui est facile est mauvais; je dirai même que ce que l'on croit facile est mauvais. Par exemple, l'attention facile n'est nullement l'attention ; ou bien alors, disons que le chien qui guette le sucre fait attention. Aussi je ne veux pas trace de sucre; et la vieille histoire de la coupe amère dont les bords sont enduits de miel me paraît ridicule. J'aimerais mieux rendre amers les bords d'une coupe de miel. Toutefois ce n'est pas nécessaire; les vrais problèmes sont d'abord amers à goûter; le plaisir viendra à ceux qui auront vaincu l'amertume ". ALAIN.
Avertissement : la présente édition joint aux Propos sur l'Éducation la Pédagogie enfantine, préparation rédigée par Alain d'un cours professé au Collège Sévigné. Ce texte assurera une meilleure intelligence des propos, dans la mesure où il en explicite la cohérence doctrinale et l'assise philosophique. On trouvera également à titre de documents quelques pages inédites, tirées du journal d'Alain et de Souvenirs sans égards. La datation de chaque propos, à partir de l'indication manuscrite portée par Mme Morre-Lambelin, à qui est dû ce recueil, sur son propre exemplaire, permettra de le situer dans l'ensemble de la production d'Alain. Une annexe renvoie aux diverses publications et recueils dans lesquels chaque propos se retrouve. Robert Bourgne.
"De l'école en France, on parle beaucoup et, pourtant, on en
ignore tout : non seulement sa définition générale,
mais, tout autant, les mécanismes particuliers qui la gouvernent
aujourd'hui. Sait-on qu'il y a deux querelles scolaires et que la plus célèbre
- séparant l'école publique de l'école privée
- n'est ni la plus vraie ni la plus acharnée ? Sait-on qu'une
autre querelle, traversant l'école publique elle-même, y oppose
les amis des savoirs à ceux qui, sous couvert de gestion, de pédagogie
ou de dévouement, en réalité les haïssent ?
Sait-on qu'il n'y a, depuis 1945, qu'une seule et même Réforme
et que les gouvernements, qu'ils se réclament de la droite ou de
la gauche, ont tous la même politique : mettre en place cette
Réforme unique et tentaculaire ? Sait-on que cette dernière
est radicalement hostile à toute école et à tout savoir ?
Sait-on enfin que l'école en France -et nulle part ailleurs assure
une fonction décisive ? Par elle et par quelques savoirs dont
elle se fait l'agent, la démocratie formelle a pu s'établir
dans ce pays où, pourtant, le protestantisme n'avait pas triomphé.
Exemple longtemps unique et paradoxe historique dont, encore aujourd'hui,
on n'a pas épuisé les effets. Affaiblir l'école, calomnier
les savoirs, c'est déséquilibrer une machine délicate,
aussi délicate à vrai dire que peut l'être toute liberté
individuelle. Voilà pourtant à quoi se dévoue, avec
un acharnement inlassable et un aveuglement opiniâtre, une alliance
secrète et imbécile. En démonter le mécanisme,
énumérer les forces, décomposer la doctrine, retirer
à cette dernière la fausse évidence dont elle se flatte,
tel a été notre propos. On comprend que, parlant de l'école,
il ait fallu parler d'un pays, de ses savoirs et de ses paradoxes constituants.
Jean-Claude Milner est né en 1941. Etudes à Paris. Professeur de linguistique à l'Université de Paris-VII.
VIVE L'ECOLE REPUBLICAINE, Textes et discours fondateurs, éd. Librio, août 1999.
Cette anthologie, présentée par Philippe Muller, contient
les rapports et discours suivants :
- Rapport sur l'instruction publique, présenté par Talleyrand,
1791 (introduction)
- Rapport et projet de décret sur l'organisation générale
de l'instruction publique, présentés par Condorcet, 1792 (extraits)
- Ouvrage posthume de Michel Le Peletier sur l'éducation publique,
1793
- Rapport sur l'instruction publique, présenté par Antoine
de Fourcroy, 1802 (extraits)
- Rapport sur l'instruction publique, présenté par François
Guizot, 1833 (extraits)
- Exposé des motifs et projet de loi sur l'instruction publique,
présentés par Frédéric de Falloux, 1849 (extraits)
- Rapport à sa Majesté l'Empereur sur l'enseignement supérieur,
présenté par Victor Duruy, 1865-1868 (extraits)
- Projet de loi sur la gratuité absolue de l'enseignement primaire,
présenté par Jules Ferry, 1880
- Projet de loi sur l'enseignement primaire obligatoire, présenté
par Jules Ferry, 1880 (extraits)
- Rapport sur la laïcité et l'obligation de l'école primaire,
présenté par Paul Bert, 1880 (extraits).
LA DEBACLE DE L'ECOLE : UNE TRAGEDIE INCOMPRISE, Ed. F.-X. de Guibert, septembre 2007, 20,90 €
"Le système éducatif français se trouve dans une situation qui n'est pas
sans analogie avec celle de l'armée française en 1940. Comme alors, des
erreurs conceptuelles fondamentales ont été commises et l'esprit de système
a obscurci le sens du réel. Comme alors, la responsabilité appartient d'abord
au commandement, en l'occurrence aux instances dirigeantes de l'Education
Nationale qui ont transformé la nature et la finalité de l'école et ont
imposé, depuis des décennies, des pratiques pédagogiques destructrices des
apprentissages.
Les conséquences de la débâcle de l'école pour les nouvelles générations
et pour notre pays tout entier – si elles ne se manifestent pas avec la
même immédiateté et la même brutalité – promettent d'être aussi graves et
destructrices, à moins qu'une prise de conscience collective ne conduise
rapidement à un sursaut et à l'amorce d'un processus de refondation et de
reconstruction."
L'ECOLE OU LE CHAOS, par Jean-Pierre Charles, Ed. Golias, septembre 2006, 23,75 €
L'Ecole ou le Chaos dont l'auteur, Jean-Pierre Charles, espère que les futures échéances électorales soient l'occasion d'une réflexion de fond salutaire à la refondation du système scolaire, porte sur l'évolution de l'éducation nationale, des années 60 aux années 2000.
Un livre de plus rendant compte de la crise du système éducatif ? Peut-être... Mais cet ouvrage est bien le premier qui propose une synthèse d'envergure des causes, pourtant multiples et diverses, qui ont concouru à la funeste évolution, longue de quatre décennies, de l'Education nationale avant sa grande mutation jusqu'au système éducatif d'aujourd'hui.
L'Ecole ou le Chaos comprend cinq parties. La première rappelle que l'Ecole des années 60, qui permettait à bon nombre d' « enfants du peuple » de s'élever socialement à travers un cursus reconnu comme performant et sanctionné de manière équitable, était une Ecole véritablement démocratique. La deuxième partie de l'ouvrage dresse un état des lieux de l'Ecole de 2006, quelques documents officiels à l'appui (rappelons ici que, outre des fonctions d'enseignement en histoire et géographie, Jean-Pierre Charles a occupé récemment plusieurs postes de chef d'établissement). La troisième partie de L'Ecole ou le Chaos se trouve naturellement consacrée aux questions suivantes : comment en sommes-nous arrivés là ? Comment diverses forces externes au système, telles l'évolution socio-économique, ou internes, telles la prolifération du pédagogisme et de cette sociologie simpliste (mal) récupérée de Bourdieu, ont-elles pu se conjuguer de sorte que se forge une idéologie néfaste et totalitaire au sein de l'Education nationale, la mettant à bas en seulement quatre décennies ? La quatrième partie du livre est centrée sur la collusion entre les haute et moyenne administrations de l'Education nationale et le Syndicat enseignant majoritaire enseignant cogérant la machine, une telle collusion ayant permis aux idéologies néfastes de prendre corps. La cinquième et dernière partie de L'Ecole ou le Chaos traite, en lui rendant hommage, de la résistance qui s'est organisée dans et hors l'Ecole, malgré les spécialistes de la désinformation qui veillent et tentent de verrouiller la pensée libre : bon nombre de professeurs et d'instituteurs, refusent désormais de cautionner le mensonge officiel, en sacrifiant leurs élèves à l'autel d'instructions irresponsables qui prêchent l'abandon de la transmission des savoirs.
Le constat de L'Ecole ou le Chaos est cinglant : le système éducatif est aujourd'hui à bout de souffle ; ou bien il est condamné à imploser dans un naufrage qui ne saurait réveiller l'indifférence générale, ou bien, dans le droit fil et l'urgence d'une prise de conscience collective, il doit être l'objet d'un aggiornamento sans précédent. L'auteur croit en cette seconde possibilité : « il est à présent trop tard pour se payer le luxe de désespérer », écrit-il.
Jean-Pierre Charles est professeur d'histoire et géographie. Il aura, sur plus de quarante ans, entre 1960 et 2003, occupé 18 postes dans l'Education nationale, y compris aux commandes (direction de quatre établissements).
LES PROGRAMMES SCOLAIRES AU PIQUET, du primaire au lycée, des maths au français, par un collectif d'enseignants en colère, Ed. Textuel, août 2006.
Les auteurs : Avi Benzekri, Rudolf Bkouche, Michel Buttet, Pascal Jacq, Agnès Joste, Denis Kambouchner, Jean-Yves Moittié, Morgane Page, Luc Richer.
Ce livre, pour la première fois, passe au crible les programmes scolaires officiels, c'est-à-dire les textes de référence qui, communiqués aux enseignants, recensent les méthodes et les contenus de savoir que devront maîtriser nos enfants à la fin de chaque cycle d'étude. À la façon d'un véritable guide, cet ouvrage, section par section, discipline par discipline, se livre à une exégèse rigoureuse et décapante pour nous révéler, par la comparaison avec les programmes antérieurs, combien les savoirs et savoir-faire sont revus à la baisse, rédigés en dépit du bon sens, souvent de manière contradictoire et dans un style qu'un examinateur indulgent qualifierait au minimum de filandreux. Pour quel bilan ? Des élèves moins structurés, maîtrisant mal la langue, difficilement capables d'atteindre une réelle autonomie..
A BONNE ECOLE, par Jean-Paul Brighelli , Ed. Jean-Claude Gawsewitch, mars 2006.
"Ni élitisme forcené, ni nostalgie exagérée" (J.-P. B).
L'école se meurt, l'école est morte : enseignants ou parents, pédagogues
et politiques, tous sont d'accord sur le constat. Le Savoir est lettre morte.
La baisse de niveau généralisée a accentué l'inégalité des chances. L'ascenseur
social est en panne. Les élèves eux-mêmes, peu flattés d'être désormais
des "apprenants", et de décrocher un bac dévalué, souhaitent que l'on sonne
la fin de la récréation. Après La Fabrique du crétin, Jean-Paul Brighelli
a rassemblé les suggestions de ses lecteurs, pour que vive l'école. A
bonne école est un livre de propositions. Son objectif central est de
réconcilier le diplôme avec la compétence, et avec la connaissance, afin
que chacun aille au plus haut de ses capacités. Programmes et formations
doivent désormais viser l'excellence, parce qu'il faut de nouveaux maîtres
pour de nouvelles ambitions.
Normalien, agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli, après trente ans d'expérience dans les établissements les plus divers, a décidé de mettre sa colère au service de l'Éducation.
LA FERME AUX PROFESSEURS, JOURNAL D'UN STAGIAIRE, par François Vermorel, Éd. de Paris, Max Chaleil, janvier 2006, 13€
Comment prépare-t-on aujourd'hui les jeunes professeurs à ce métier difficile
? Loin du regard des media et des parents, des institutions, mal connues
du grand public, en sont chargées : les IUFM.
Sur un mode ironique et précis, le livre de François Vermorel est un témoignage.
Il nous entraine dans un monde qui décourage les plus motivés. Un monde
ubuesque, où, à l'issue d'un concours sélectif, on lui fait colorier des
arbres ou dessiner des blasons. Où les mots professeurs, élèves, exercices,
devoirs, discipline, sont frappés d'interdits étonnants. Où on
lui déconseille Le Cid au motif que Corneille y ferait l'apologie
du racisme. Où l'on inculque que toutes les formes de communication
se valent, de l'insulte au rap, dès l'instant où l'on peut
leur accoler les étiquettes de citoyenneté et d'autonomie.
Que la syntaxe et l'orthographe sont la science de l'imbécile, et
qu'il ferait à ses élèves une violence inadmissible en leur imposant
sa culture bourgeoise. Une institution rompue au lavage de cerveaux
où il faut feindre la soumission à des formateurs au mieux incompétents,
au pire malveillants ...
Après le Capes de lettres classiques, François Vermorel intègre l'Education nationale comme professeur stagiaire. Affecté à la ZEP de Calais, il découvre avec ses camarades l'IUFM, organisme chargé de former les jeunes enseignants. Mais deux années durant, il se demandera à quoi peut servir ce étrange institut. Refusant de se soumettre, il sera finalement remercié par l'Education nationale à la fin de ce purgatoire intellectuel. Aujourd'hui, François Vermorel occupe un poste de webmaster éditorial dans une école supérieure privée d'arts appliqués.
Site internet de François Vermorel :
POURQUOI ET COMMENT J'ENSEIGNE LE B.A-BA- Conseils et récits d'instits à l'usage des collègues débutants et des parents curieux, par Rachel BOUTONNET, Ed. Ramsay , août 2005.
Après le succès de Journal d'une institutrice clandestine, Rachel Boutonnet a reçu des centaines de lettres d'instituteurs et de parents déboussolés, en quête de repères. Elle a donc décidé de partager ici ce que lui ont appris ses cinq ans de métier et l'expérience de ses collègues. Elle explique avec clarté et précision la manière dont elle conduit son enseignement, de l'organisation d'une journée de cours à l'élaboration de méthodes d'apprentissage, en passant par la construction d'une progression. Enfin, parce que le relais de la “mémoire pédagogique” est à ses yeux fondamental, elle a fait appel à des enseignants chevronnés pour compléter ses propos. Ainsi, ils dévoilent tour à tour leurs conseils avisés et leurs astuces. Comment apprend-on à lire à des enfants du cours préparatoire ? Comment enseigne-t-on le calcul en CE1 ? Comment travaille-t-on l'expression écrite au CM2 ? En bref, voici comment on dispense ce b.a.-ba essentiel à la poursuite d'une scolarité fructueuse, mais qui est aujourd'hui trop souvent délaissé. En livrant, dans leurs détails, quelques principes et ficelles du métier, Rachel Boutonnet espère répondre en partie aux interrogations des enseignants débutants et des parents désireux d'accompagner leurs enfants dans leur scolarité.
Rachel Boutonnet est née en 1972. Elle est maîtresse d'école depuis cinq ans, en classes de CP et CE1. Membre du collectif Sauver les lettres et de l'association Reconstruire l'école, elle est l'auteur de Journal d'une institutrice clandestine (Ramsay, 2003).
LA FABRIQUE DU CRETIN - La mort programmée de l'école , par Jean-Paul Brighelli, Ed. Jean-Claude Gawsewitch , juillet 2005.
Nos enfants ne savent plus lire, ni compter, ni penser. Le constat est terrible, et ses causes moins obscures qu'on ne veut bien le dire. Un enchaînement de bonnes intentions mal maîtrisées et de calculs intéressés a délité en une trentaine d'années ce qui fut l'un des meilleurs systèmes éducatifs au monde. Faut-il incriminer les politiques, les profs, les parents, les syndicats, les programmes ? En tout cas, la Nouvelle Pédagogie a fait ses “preuves” : l'école a cessé d'être le moteur d'un ascenseur social défaillant. Ceux qui sont nés dans la rue, désormais, y restent. Dès lors, que faire ? Jean-Paul Brighelli analyse avec une lucidité féroce, sans nostalgie exagérée, cette école de la réussite devenue si souvent école de l'échec programmé et donne des solutions pour une école de demain.
Normalien, agrégé de Lettres, Jean-Paul Brighelli a, du collège à l'université, parcouru l'essentiel du paysage éducatif.
NOS ENFANTS GACHES, par Natacha Polony, éd. Lattès, mars 2005.
Nous subissons aujourd'hui une fracture grandissante, encore peu visible mais très profonde : alors que l'époque vénère la jeunesse et ses "valeurs", toute une frange de la population pressent, sans oser le formuler, que les jeunes souffrent de lacunes graves. Nous avons dilapidé l'héritage et refusé de transmettre les oeuvres, les récits, les valeurs et les codes qui faisaient la civilisation. Et nous avons inventé la génération culturellement spontanée. Beaucoup de parents et de professeurs constatent déjà les dégâts sans oser en faire état. Mais l'école, dernier lieu de transmission dans nos sociétés modernes, n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Natacha Polony a vingt-neuf ans. Agrégée de Lettres modernes, elle est chargée des pages " éducation " au sein de l'hebdomadaire Marianne. Elle enseigne également la culture générale dans un établissement supérieur.
PROF IS BEAUTIFUL, par Jean-Luc Despax, Éd. Aden, 2005, 21 €
Philippe Numen est professeur de français à Tristeville, au collège d'enseignement
public Célestin Freinet. Ce n'est pas son récent échec à l'agrégation, ni
ses déboires sentimentaux, qui l'accablent le plus, mais la tyrannie de
Brochette, le Principal, et la veulerie de ses acolytes. Humilés, ridiculisés,
culpabilisés, menacés, empêchés d'être eux-mêmes, tels qont la plupart des
enseignants de ce livre. Philippe Numen va faire l'apprentissage de la révolte.
Fable réactionnaire ? Utopie douteuse ? Ni l'une, ni l'autre. Voici un roman
pleinement libertaire, l'humour et le gai savoir en plus !
Jean-Luc Despax est professeur agrégé; il enseigne avec bonheur les lettres en Ile-de-France, loin de toutes les pressions idéologiques. Poète (prix Arthur Rimbaud en 1991), et critique au journal Aujourd'hui Poème, il a publié en 2004 une biographie du poète russe Ossip Mandelstam aux éditions Aden. Prof is beautiful est son premier roman.
ET VOS ENFANTS NE SAURONT PAS LIRE...NI COMPTER !, par Marc Le Bris, éd. Stock, avril 2004, 20,99 €
"Pendant vingt ans, l'Éducation nationale m'a empêché de faire mon métier. À ma sortie de l'école normale, en 1977, j'étais un jeune instituteur progressiste et militant, convaincu de la supériorité de la méthode de lecture dite "naturelle". J'ai tout cru. J'ai tout fait, des groupes, des activités d'éveil, de la grammaire fonctionnelle, de la lecture naturelle, des mathématiques modernes, de l'animation, de l'auto-apprentissage, de l'histoire des objets, du décloisonnement, de la créativité, des études dirigées... Pourtant, les élèves des maîtres plus anciens, qui osaient continuer à faire des dictées ou à apprendre la lecture par syllabage systématique, obtenaient de meilleurs résultats. Les miens, dorlotés par les méthodes modernes, ont subi un handicap scolaire dont j'ai honte aujourd'hui. Honte? Pas tant que ça... Car, comme bon nombre d'entre nous, j'ai corrigé le tir. J'écris ce livre pour alarmer les parents, pour qu'ils sauvent leurs enfants, pour qu'ils fassent le travail de l'école à la maison. La pédagogie moderne ne sert plus qu'à justifier l'abandon des ambitions que nous avions pour nos enfants. Nous avons devant nous une véritable catastrophe culturelle."
Marc le Bris, 50 ans, est instituteur et directeur d'école à Médréac, en Ille-et-Vilaine. Il est membre de l'association Sauver les lettres.
QUI A EU CETTE IDEE FOLLE UN JOUR DE CASSER L'ECOLE ? par Fanny Capel, éd. Ramsay, mars 2004, 289 pages, 20€
Des lycéens de Terminale persuadés que Victor Hugo est un auteur du XVIe siècle, j'en ai croisé des milliers depuis que j'enseigne. Et pourtant, tous finissent par décrocher leur baccalauréat. Leurs parents pensent : « Il est dyslexique, il a eu de mauvais profs, il n'est pas motivé. . . » Et moi, je dois objecter que c'est l'institution elle-même qui orchestre pour les jeunes générations une insupportable privation de savoir. En prenant connaissance des nouveaux programmes du lycée, inaugurés à la rentrée 1999, je me, auquel les gestionnaires de l'Éducation nationale ont renoncé depuis longtemps. L'auteur ose se faire la voix de milliers de professeurs anonymes qui voudraient résister aux absurdes directives venues d'en haut. Une voix qui mérite d'être entendue par tous les citoyens, pour qu'ils disposent enfin des vrais éléments d'information et qu'ils reprennent les rênes de leur école.
Fanny Capel est une jeune professeur de vingt-neuf ans, agrégée de Lettres modernes. Elle fait partie du collectif Sauver les Lettres, créé en 2000, qui regroupe des professeurs de lettres de collège et de lycée, décidés à travailler pour la défense de la qualité des contenus de l'enseignement.
L'ECOLE A LA DERIVE, CE QUI SE PASSE VRAIMENT AU COLLEGE, par Evelyne Tschirhart, éditions de Paris - Max Chaleil, janvier 2004, 252 pages, 15 €
On se lamente sur l'illettrisme, les incivilités, l'ennui des élèves, la violence à l'école, comme s'il s'agissait d'un mal étrange, inhérent à l'évolution de notre société et de son système éducatif... Mais que reste-t-il de celui-ci, devenu un vaste champ d'expérimentations souvent délirantes, travaillé par une succession de réformes qui n'ont fait que brouiller le sens de sa véritable mission, déboussolant et culpabilisant les enseignants et les soumettant aux diktats du « politiquement correct » et de l'« égalité citoyenne ». L'auteur de ce livre relate fidèlement son quotidien d'enseignante au collège et décrit les situations d'apprentissage, souvent ubuesques, imposées par les directives ministérielles dont le credo est d'« apprendre autrement » et qui justifient en grande partie l'échec scolaire. Ce qui prévaut désormais dans nos établissements, c'est que l'effort est inutile, que l'on n'a plus à se référer au patrimoine culturel et que l'on ne A?????A ?se soucie plus des notions fondamentales comme apprendre à lire, à écrire et à compter. Mais cela vaut pour l'ensemble des disciplines où l'enseignement, de plus en plus, se réduit à être à l'écoute des jeunes, sinon à leur service. En voulant « s'ouvrir sur la vie », l'école s'est laissé polluer, envahir par l'air du temps : elle est aujourd'hui menacée de perdre ses valeurs républicaines. Un constat affligeant, où l'espoir réside dans le sursaut que sauront peut-être donner ceux qui refusent cet état de fait et veulent faire entendre enfin la voix du bon sens.
Professeur d'arts plastiques, Évelyne Tschirhart a été institutrice puis a enseigné le français dans un Institut de langues étrangères à Pékin, pendant deux ans et demi, avant d'exercer de nombreuses années dans un collège de la région parisienne. Elle est membre de «Reconstruire l'école» et «Sauver les lettres», deux associations qui regroupent, parmi beaucoup d'autres, enseignants et parents révoltés par le système éducatif actuel et qui proposent des solutions pour restaurer un enseignement de qualité. Elle a déjà publié Deuxième retour de Chine, en collaboration avec Claudie et Jacques Broyelle, Le Seuil 1978, « L'asexualité en Chine », in Les Temps Modernes, mars 1978, Le Tranchant de la lumière (roman) manuscrit.com 2001.
COLLEGES DE FRANCE, par Mara GOYET, 1ère édition 2003, réédition en Folio Documents.
Le collège sera-t-il un jour un lieu de mémoire ? Au même titre que le Panthéon, le Tour de France ou Alésia ? Alésia, surtout. Il se contente pour l'instant d'être un lieu de déboires. Là réside sa beauté tragique, là commence sa force comique. Le collège doit dans un même élan résoudre la cruelle question du toner de la photocopieuse et celle de l'immortalité des dieux grecs. Il doit convaincre les élèves de la grâce d'une pensée libre tout en leur faisant bien comprendre qu'un môme de douze ans ne va quand même pas réfuter le théorème de Pythagore. Cet univers, aussi prosaïque que complexe, est à la fois familier et méconnu. Collèges de France vous invite à une promenade pittoresque en ses murs, à la découverte de ses indestructibles monuments (les estrades, la machine à café), de ses vaillants autochtones (les professeurs, les élèves, les CPE), de ses traditions séculaires (les heures de colle, la cantine), de son charmant folklore (les sigles, le jargon), de ses mythes ancestraux (l'autorité, l'élitisme), de ses guerres impitoyables avec leurs martyrs, leurs héros, leurs félons.
Mara GOYET enseigne l'histoire-géographie depuis cinq ans dans un collège de la banlieue parisienne.
JOURNAL D'UNE INSTITUTRICE CLANDESTINE, par Rachel Boutonnet , éd. Ramsay, août 2003.
" En fait, dès mon entrée à l'IUFM, j'ai presque aussitôt
compris que je n'avais rien à en attendre. Nous avons passé
en tout et pour tout six heures sur l'année à l'enseignement
de la lecture et de l'écriture ! [...] J'ai donc résolu
de me comporter en reporter clandestin. De septembre à janvier j'ai
tenu un journal tous les soirs, pour résumer mes journées
et mes impressions. Quand l'année s'est achevée, j'étais
épuisée, je ne me sentais pas du tout formée au métier
mais j'étais au moins indemne moralement. J'applique aujourd'hui
des méthodes pédagogiques auxquelles j'ai longuement réfléchi,
qui sont aussi précisément celles que l'IUFM voue aux gémonies,
mais je vois mes élèves apprendre et en être fiers."
Un document authentique et passionnant : les réflexions stupéfaites,
incisives et incroyablement lucides d'une jeune institutrice, pour la première
fois confrontée à l'école telle qu'elle est conçue
aujourd'hui. On croit rêver parfois...
Rachel Boutonnet est née en 1972. Maîtrise de philosophie.
L'ECOLE DES EGO, Contre les gourous du pédagogiquement correct, par Elisabeth Altschull, éd. Albin Michel, sept. 2002, 14,90 €.
"Le culte de l'ego : voilà la nouvelle discipline qui règne dans les écoles à l'insu des parents. Ego de qui ? Des élèves, évidemment. Plus question de connaissance, de discipline ou d'effort. Il s'agit désormais de s'é-pan-ouir, de s'ex-pri-mer dans les salles de classe. Pour apprendre à lire et à écrire, on verra plus tard. Mais s'il n'y avait que les élèves ! Comment ignorer les réactions souvent compulsives des enseignants ? Et des parents ? Jusqu'aux ministres qui contribuent à leur façon à l'entreprise de nivellement en cours. Derrière ce déclin organisé à défaut d'être annoncé, une volonté est à l'oeuvre depuis des années. Discrète. Celle des inventeurs d'une nouvelle pédagogie : " les sciences de l'éducation ". Ces faux savants ont inspiré la plupart des réformes qui se sont abattues depuis vingt ans sur les salles de classe. Est-il encore temps de sauver l'école ?
Professeur dans un lycée parisien, Elizabeth Altschull, américaine naturalisée française et convertie aux vertus du modèle laïque et républicain, pense que c'est encore possible et explique comment."
CONTRE-EXPERTISE D'UNE TRAHISON, La réforme du français au lycée, par Agnès Joste, éd. Mille et une nuits, octobre 2002.
Promulguée en septembre 1999, la réforme de l'enseignement du français au lycée a déjà connu quatre remaniements. Hésitations, errements, incohérences théoriques, méthodologie douteuse, et avant tout un superbe mépris du travail de concertation avec les enseignants, auront présidé à cette manière, pour le moins surprenante de la part d'un groupe d'"experts", de procéder à l'accouchement de la réforme... Qu'en est-il donc de ces programmes ? Une fois dépassé l'obstacle du jargon linguistico-pédagogique, on ne reconnaît plus grand-chose de la discipline - que l'on soit professeur ou parent d'élève, ayant encore en mémoire les cours du lycée. Disparue la notion d'auteur, disparue l'histoire littéraire, disparue l'analyse des oeuvres pour en dégager le sens...
Agnès Joste, professeur de lettres, s'est livrée à une lecture méticuleuse et édifiante des textes du ministère; où l'on découvre que la conception de la littérature qui y est véhiculée est une conception techniciste, qui vise avant tout à inculquer aux élèves, non pas une liberté d'esprit, mais des techniques communicationnelles et consensuelles ; que le dénigrement de l'étude de la littérature va de pair avec un mépris des professeurs et de leur désir de transmission des savoirs. Agnès Joste est membre du collectif "Sauver les lettres", qui entend mettre fin à la surdité du ministère de l'Éducation nationale et des inspecteurs, et ouvrir le débat. Ce débat ne concerne pas leur seule profession, on l'aura compris. Parce qu'il y va de la formation de nombreuses jeunes générations, de la maîtrise de leur langue, de la lecture des grandes oeuvres littéraires, de la culture enfin.
LES TERRITOIRES PERDUS DE LA REPUBLIQUE, antisémitisme, racisme et sexisme et milieu scolaire, par Emmanuel Brenner, Arlette Corvarola, Sophie Ferhadjian, Elise Jacquard, Barbara Lefebvre, Iannis Roder, Marie Zeitgeber et d’autres professeurs de collège et de lycée, éd. Mille et une Nuits, Paris, septembre 2002, 238 pages.
"Voici un ouvrage que tous nos collègues devraient lire, y compris ceux qui ne sont pas concernés par les problèmes qui y sont mentionnés. Voilà déjà quelque temps que commençaient à filtrer des témoignages inquiétants de collègues faisant état non seulement de revendications particularistes découlant de l’irrespect des règles laïques. Revendications débouchant sur diverses contestations d’ordre culturel, religieux : ayant constaté la faiblesse de l’Etat face aux voiles islamiques, d’autres se sont engouffrés dans la brèche. La coexistence dans un même établissement scolaire d’enfants ou d’adolescents de dizaines de nationalités, souvent en conflit à l’étranger, n’est pas forcément pacifique. C’est à l’institution scolaire, émanation de l’Etat de dire que la loi de la République laïque est la loi, la seule valable sur le territoire, dans l’espace scolaire, et qu’elle ne saurait être transgressée.[...]"
IGNARE ACADEMY, LES NAUFRAGES DE L'ENSEIGNEMENT, par Claire Laux et Isabel Weiss, Nil éditions, août 2002.
Un pamphlet virulent écrit par deux jeunes enseignantes Une démocratie authentique ne peut que reposer sur un enseignement de qualité. Or le système actuel met en danger les valeurs de la République, et plus largement celles de notre civilisation : apprendre à penser, fournir des efforts, comprendre, être responsable de ses actes. Ce pamphlet démontre avec brio et efficacité comment une démocratisation mal pensée conduit à abaisser le niveau de la culture, notamment dans les matières littéraires. Lettres, histoire, géographie, philosophie sont réduites en qualité comme en quantité. On ne leur demande plus que de défendre l'opinion du moment, de suivre l'actualité, de rédiger des plaidoyers préfabriqués sur un canevas politique consensuel et au goût du jour. Au lieu de former des esprits libres, on finira peut-être par ne former que des citoyens moyens, voire médiocres. L'ambition de l'École est constamment revue à la baisse... A l'heure où l'on confond l'utile et l'essentiel, la liberté et la facilité, seule une contestation radicale des réformes qui s'entassent depuis des années pourrait arrêter cette dégradation.
Claire LAUX et Isabel WEISS, sont agrégées et docteurs et enseignent respectivement l'histoire et la philosophie depuis une dizaine d'années..
SAUVER LES LETTRES, des professeurs accusent, éd. Textuel, coll. Conversations pour demain, n°20, septembre 2001, avec une postface de Danièle Sallenave
"Confronté à la montée de lilettrisme, dévoyé
en "discipline carrefour" par les dernières réformes, l'enseignement
des lettres dans le secondaire est à la croisée des chemins.
Trente ans de réformes ont fait qu'une dictée du nouveau brevet
des collèges 2000 ne compte plus que 60 mots et qu'il s'en est fallu
de peu que la dissertation ne soit remplacée par une rédaction
au baccalauréat.
Dans cet entretien, à partir de leur expérience quotidienne,
des professeurs du secondaire veulent montrer précisément
à tous en quoi les querelles sur les méthodes d'enseignement
et les contenus des programmes de français recèlent des enjeux
fondamentaux, philosophiques et politiques".
LE DESHUMAIN. INTERNET, L'ECOLE ET L'HOMME par Robert Redeker, éd. Itinéraires, 1er trimestre 2001.
A l'heure où, pour l'école, les réformateurs ne jurent
que par "les nouvelles technologies de l'information", Robert Redeker, dans
la première partie de son ouvrage, pose d'emblée la question
: " l'école doit-elle fabriquer des internautes ou instituer
des citoyens ? " et il explique que si l'école entend demeurer
l'école républicaine, dont la vocation est, en instruisant,
de former des citoyens éclairés, et non devenir une fabrique
de consommateurs soumis, alors les deux finalités ne sont pas compatibles.
Dans la deuxième partie de son livre, intitulée "Le déshumain-internet,
l'école et l'homme", l'auteur replace sa réflexion initiale
dans une perspective plus englobante, en montrant que, loin d'être
des outils au sens traditionnel, l'informatique et internet véhiculent
leur propre idéologie de l'homme. Par un examen approfondi des tenants
et des aboutissants de cette anthropologie nouvelle, il invite son lecteur
à mesurer la rupture qu'elle constitue avec les valeurs humanistes
qui fondent la république et notre école, et le convie ainsi
à ne pas sombrer, à la suite de nos réformateurs, dans
le fanatisme des nouvelles technologies.
Le livre s'achève sur un bref dialogue entre l'auteur et une journaliste,
portant sur l'"in-enseignement"...
A lire, donc, cette excellente analyse qui, si elle récuse la " religion-internet
" et opte, pour l'enseignement, en faveur du principe de précaution,
ne se ferme pas pour autant à l'avenir et au devoir qui sans doute
nous incombe : inventer un nouvel humanisme.
Philosophe, professeur de philosophie, Robert Redeker est en même
temps journaliste, critique littéraire et membre du comité
de rédaction de la revue Les Temps modernes. Il collabore à
des revues comme le Banquet, Critique, l'Arche, Raison Présente,
le Monde Diplomatique, etc. Il est l'auteur d'un essai remarqué sur
la culture et le politique : Aux armes citoyens ! (éd.
Bérénice, mars 2000).
(Virginie Hermant).
CHANGER L'ECOLE, C'EST NOTRE AFFAIRE, révolte et espoir de deux professeurs ordinaires, par Marie Wilhem-Labat et Michel Labat, éd. François-Xavier de Guibert, mars 2001.
"Et si les réformes engagées dans l'éducation nationale
depuis près de quinze ans étaient, en fait, la véritable
cause de l'échec scolaire qu'elles prétendent combattre? Et
si leurs premières victimes étaient ces enfants , Jean, Juliette,
Daniel et tous les autres, dont les destins bafoués sont, en eux-mêmes,
de véritables réquisitoires ? Et si ces réformes
avaient, en réalité, pour objectif caché de permettre
la déréglementation de l'instruction et sa sujétion
au "marché" ou à quelque société totalitaire ?
Alors, les professeurs, accusés de toute part de nuire aux enfants
par leur "refus d'innover" et d'enseigner autrement, seraient, en réalité,
des résistants courageux ? La méfiance entre parents
et enseignants, soigneusement attisée depuis quelques années,
n'est-elle pas un leurre, alors qu'ils sont les meilleurs alliés
pour le sauvetage de l'école publique ?
Parce qu'elles sont vraies, ces questions "à contre-pied" sont dérangeantes.
A travers leur expérience quotidienne et leur implication dans les
récentes coordinations enseignantes, deux professeurs cherchent la
vérité pour tirer une sonnette d'alarme. Ils revendiquent
pour eux et leurs collègues le statut d'experts compétents
qui leur a été volé ! Ils ne proposent pas de
"solution immédiate" parce qu'ils savent d'expérience le poids
de la patience et du temps. C'est précisément parce qu'il
n'y a pas de remède-miracle, mais un immense effort à faire
ou, plutôt, à refaire, qu'il faut prendre conscience sans retard
de l'incroyable "gâchis-spoliation" qui se passe sous le nez des Français.
Ne nous y trompons pas, il se joue dans l'école une partie aux conséquences
incalculables.
Marie Wilhelm-Labat est professeur agrégée d'histoire. Michel Labat est professeur certifié de mathématiques. Ils enseignent aujourd'hui en milieu rural, dans un collège et dans un lycée corrézien. Tous deux étaient précédemment enseignants à Paris puis dans le Mantois (Yvelines) et ont connu des publics d'élèves très divers.
UNE ECOLE CONTRE L'AUTRE par Denis Kambouchner, éd. PUF, août 2000.
"La crise de l'école qui perdure en France n'est pas seulement de structure, de moyens ou de société; c'est aussi une crise de doctrine. Comme la persistance du conflit entre "pédagogues" et "républicains", la faillite des réformes successives est liée à cette crise intellectuelle, dont il est urgent de chercher à sortir".
Denis Kambouchner est professeur de la philosophie moderne à l'Université Paris-I.
L'ENSEIGNEMENT MIS A MORT, par Adrien Barrot, éd. Librio, juillet 2000.
"Je fais partie de ces professeurs qu'il faudrait fusiller si l'on ne trouvait
pas plus raisonnable et plus sûr d'instaurer les conditions qui assureront,
sans heurt, on l'espère, leur extinction".
"Pourquoi l'enseignement est-il aujourd'hui privé de sa substance
? Pourquoi serait-t-il interdit aujourd'hui de transmettre des connaissances
? Pourquoi est-il devenu impossible de conduire ceux qui sont sur
les bancs de l'école à penser par eux-mêmes ? Telles
sont les questions que pose avec perplexité, avec lucidité,
avec amertume, Adrien Barrot".
Né en 1967, Adrien Barrot est actuellement professeur de philosophie en classe de terminale. Il est ancien élève de l'Ecole normale de la rue d'Ulm, et agrégé de philosophie.
LA FIN DE L'ECOLE, par Michel Eliard, éd. PUF, mars 2000.
"Discrimination positive", "parcours individualisés", "pédagogie
adaptée aux différences culturelles", "blasons ou portefeuille
de compétences", tels sont les maîtres-mots de cette rhétorique
de l'innovation qui envahit l'école et qui, sous couvert de modernisation,
masque une entreprise de désagrégation de cette école
publique laïque, "exception française" qu'une Europe des marchands
s'efforce d'abolir au nom des impératifs de la "mondialisation".
Il est de bon ton, aujourd'hui, de critiquer la tradition scolaire républicaine.
L'école de Jules Ferry a pourtant constitué un moyen efficace
d'accès à la connaissance et de promotion pour les classes
populaires. D'année en année, on s'évertue, ici et
là, à faire le procès d'une institution déjà
fortement mise à mal par quarante années de contre-réformes
assénées au nom d'une mystifiante idéologie d'égalité
des chances qui n'a pas peu contribué à masquer l'érosion
de l'égalité des droits devant l'instruction.
Est-il meilleur moyen d'organiser la fin de l'école que de la détourner
de sa seule et véritable finalité : instruire les jeunes
dans les meilleures conditions possibles pour contribuer à en faire
des citoyens libres, indépendamment des pressions d'un système
économique qui s'enfonce dans une spéculation financière
dangereuse pour la démocratie ?
Telle est la question à laquelle, par un retour sur l'histoire scolaire,
ce livre propose d'apporter des éléments de réponse."
Michel Eliard est professeur à l'Université de Toulouse-Mirail.
PETIT VOCABULAIRE DE LA DEROUTE SCOLAIRE, par Guy Morel et Daniel Tual-Loizeau, éd. Ramsay, septembre 2000.
Vous êtes professeur. Vous devez renoncer à noter pour évaluer. Ne soyez plus un maître mais un médiateur. Voyez dans vos élèves des apprenants, ne leur dispensez plus un cours, mettez-les en autodidaxie. Vous êtes élève. Laissez tomber les connaissances au profit des compétences. Vous êtes parent, vous vous sentez exclu, illettré, incapable d'expliquer à votre enfant cette nouvelle langue. Pédagogie de contrat ou du détour, transversalité, enseignement modulaire, référentiels, groupe de besoins, tutorat : voilà un lexique qui ne vous fait pas rire ! Ce nouveau jargon, obligeant profs et élèves à un bricolage permanent, a bouleversé tous les repères et les pratiques pédagogiques. Pire, il semble qu'il a suscité, au lieu de la démocratisation souhaitée, une régression éducative généralisée. Et si ces excès conceptuels avaient pour seul enjeu le contrôle des conduites enseignantes et du système scolaire dans son entier ? Et pour premier résultat la déroute actuelle de l'instruction publique ? Il ne s'agit pas ici seulement d'un exercice de style drôle et talentueux. Un univers absurde, que l'on croirait emprunté à Kafka, se dessine : voici l'école telle que nous l'ont réinventée les réformateurs impénitents et les experts à leur service. La leçon se dégage presque toute seule, évidente, criante, à entendre absolument.
Guy Morel, 54 ans, professeur de Lettres modernes depuis 1970, Daniel TualLoizeau, 40 ans, professeur de Lettres modernes depuis 1987, sont les coauteurs de L'Horreur pédagogique, paru à la rentrée 1999.
L'HORREUR PEDAGOGIQUE, Paroles de profs et vérité des copies, par Guy Morel et Daniel Tual-Loizeau, éd. Ramsay, octobre 1999.
Deux professeurs s'insurgent : 80% de reçus au baccalauréat, une duperie organisée ! Le lycée et le collège, en dehors de quelques établissements, ne parviennent plus, affirment-ils, à transmettre les savoirs fondamentaux. ?Et ils en produisent des preuves irréfutables : les copies des élèves, sorties pour la première fois du "confessionnal scolaire". Ces copies, y compris celles du bac, des reçus comme des recalés, sont consternantes. Langage défectueux, incohérent, voire incompréhensible, absence de repères chronologiques et culturels, défiguration des structures logiques, mémoire en friche ... Comment en est-on arrivé à un tel désastre ?"
Guy Morel, cinquante trois ans, et Daniel Tual-Loizeau, trente neuf ans, sont professeurs de lettres, depuis respectivement 1970 et 1987. Ils enseignent aujourd'hui tous les deux au Mans, dans un lycée général et technologique.
L'ECOLE DESOEUVREE, La nouvelle querelle scolaire, par Laurent Jaffro et Jean-Baptiste Rauzy, éd. Flammarion, septembre 1999.
Depuis les années 70, la politique scolaire tend à privilégier le point de vue des experts en pédagogie. On néglige les savoirs élémentaires, on se méfie des professeurs, on entend faire de l'école un "lieu de vie", on dénonce le conservatisme des Anciens qui voudraient barrer la route aux Modernes en défendant une école du passé. Et si l'opposition entre conservatisme et modernisme n'était qu'une habile facon de masquer les véritables enjeux de la politique scolaire ? L'école a pour vocation de transmettre les savoirs et les oeuvres. En renonçant à cette exigence, l'idéologie qui a cours aujourd'hui mesure-t-elle vraiment les risques qu'elle fait peser sur l'école de demain ? Plutôt que d'encourager cette fuite en avant, une politique d'éducation raisonnable doit retrouver les équilibres fondamentaux dont l'école a besoin.
Laurent Jaffro est maître de conférences de philosophie à l'université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne). Jean-Baptiste Rauzy est maître de conférences de philosophie à l'université de Provence (Aix).
LA GESTION DES STOCKS LYCEENS, Idéologie, pratiques scolaires et interdit de penser, par Gilbert Molinier, éd. L'Harmattan, septembre 1999.
L'Ecole gère les flux d'élèves comme on gère des stocks de marchandises. Une sorte d'impérialisme pédagogique, soutenue par une psychologie animalière, tient lieu de clef universelle. L'enseignement est déboulonné : l'animation remplace l'instruction ; la pédagogie, les savoirs; les modules, les disciplines; les contrôles, les exercices; les évaluations de compétence, les examens, les objectifs, les finalités de l'enseignement... La logique des places structurant toute l'institution est bousculée. Des gestionnaires qui se prennent pour des chefs d'entreprise experts en pédagogie, des syndicalistes pour des gestionnaires, des parents pour des superprofs, des profs pour des parents aimants et des élèves pour des enfants en mal d'amour créent une société incestueuse où règne la loi du poulailler. Ainsi, les jeunes générations sont-elles déboussolées et prêtes à devenir la main-d'oeuvre flexible des entreprises à l'âge de la mondialisation et les soldats des guerres à venir. Cette gestion se solde par des dégâts psychiques considérables. L'entreprise actuelle, dite de rénovation pédagogique, détruit l'intelligence et l'imaginaire en gestation des jeunes en produisant chez eux un interdit de penser.
C'est ce dont l'auteur, Gilbert Molinier, professeur de philosophie en classe terminale témoigne dans cet essai, réflexion critique conduite de l'intérieur de l'Ecole à partir d'une expérience réelle.
LA CHUTE DE LA MAISON FERRY, par Martin Rey, éd. Arléa, septembre 1999.
Depuis qu'il a annoncé son intention de "dégraisser le mammouth", Claude Allègre mène contre sa propre administration une guerre sans merci. Guidé par le souci démagogique d'assurer au plus grand nombre des succès faciles, soumis à l'exigence libérale de baisse des coûts des services publics, il s'est heurté au corps professoral, qui refuse de voir brader l'Education nationale. Pour briser cette résistance, le ministre emploie l'invective et la désinformation. Populiste, il fonde ses attaques sur le discrédit dont souffrent les enseignants auprès de pans entiers de l'opinion. Mais son projet n'aurait pu réussir si la société française ne connaissait une profonde crise morale, que l'on nie.
C'est cette guerre que La Chute de la maison Ferry retrace ici, ce discrédit que Martin Rey - professeur agrégé, en poste dans la région de Toulouse - combat, cette crise morale qu'il entend analyser.
L'ECOLE, par Henri Pena-Ruiz, éd. Flammarion, coll. Dominos, septembre 1999.
"L'école républicaine est une conquête de l'esprit
de justice et d'égalité. Toute la question est de savoir si
les responsables politiques sauront la préserver, au lieu d'en hypothégier
le sens sous prétexte de l'adapter au monde comme il va.
Henri Pena-Ruiz rappelle les fondements de l'institution scolaire, et sa
dimension-émancipatrice. Il en montre l'avenir, au-delà de
la crise qui la touche du fait des dérives sociales".
Agrégé de l'université, Henri Pena-Ruiz est professeur de philosophie en Khâgne au Lycée Fénelon à Paris et maître de conférences à l'IEP. Il est l'auteur des livres La laïcité, éd. Flammarion, coll. Dominos, 1998, et Dieu et Marianne. Philosophie de la laïcité, éd. PUF, coll. Fondements de la politique. Signalons aussi l'ouvrage, écrit en collaboration avec Anne Baudart en hommage à Jacques Muglioni, Les préaux de la République, éd. Minerve, 1991.
REUSSIR L'ECOLE, par Philippe Joutard et Claude Thélot, éd. Seuil, septembre 1999.
"Nous avons pris le risque de dresser un bilan. Plus: nous avons aggravé
notre cas en dégageant des priorités pour l'École future.
Quelques années au coeur du système nous ont convaincus de
la nécessité d'aider une opinion souvent désorientée
à comprendre une réalité vitale... "
Ainsi Philippe Joutard et Claude Thélot annoncent-ils, au début
de ce livre, leurs intentions. Ils souhaitent que le lien passionnel qui
unit les Français à leur École n'alimente pas des polémiques
dignes du café du commerce. Mais qu'on vérifie l'état
des lieux avant de parler, qu'on soit à la fois ambitieux et modeste,
qu'on agisse avec les acteurs de l'École, et non contre eux. Le premier
des auteurs est un homme de terrain, enseignant, chercheur, recteur. Le
second est reconnu comme pionnier et expert en matière d'évaluation.
Ils ont mis en commun leur expérience et leur savoir pour nous proposer
un livre clair, scrupuleux, convaincant. Un livre nécessaire au parent
d'élève comme au professeur, au ministre comme au simple citoyen.
Philippe Joutard est historien. Il a été pendant près
de huit ans recteur d'académie, d'abord à Besançon,
puis à Toulouse.
Claude Thélot, polytechnicien, a été durant
sept ans directeur de l'évaluation et de la prospective au ministère
de l'Éducation nationale.
L'ENSEIGNEMENT DE L'IGNORANCE et ses conditions modernes, par Jean-Claude Michéa , éd. Micro-Climats, mai 1999.
"En dépit des efforts de la propagande officielle, il est devenu
difficile, aujourd'hui, de continuer à dissimuler le déclin
continu de l'intelligence critique et du sens de la langue auquel ont conduit
les réformes scolaires imposées, depuis trente ans, par la
classe dominante et ses experts en "sciences de l'éducation". Le
grand public est cependant tenté de voir dans ce déclin un
simple échec des réformes mises en oeuvre. L'idée lui
vient encore assez peu que la production de ces effets est devenue progressivement
la fonction première des réformes et que celles-ci sont donc
en passe d'atteindre leur objectif véritable : la formation
des individus qui, à un titre ou à un autre, devront être
engagés dans la grande guerre économique mondiale du XXI ème
siècle.
Cette hypothèse, que certains trouveront invraisemblable, conduit
à poser deux questions :
Quelle étrange logique pousse les sociétés modernes,
à partir d'un certain seuil de leur développement, à
détruire les acquis les plus émancipateurs de la modernité
elle-même ?
Quel mystérieux hasard à répétition fait que
ce sont toujours les révolutions culturelles accomplies par la Gauche
qui permettent au capitalisme moderne d'opérer ses plus grands bonds
en avant ?"
Jean-Claude Michéa, agrégé de philosophie, enseigne à Montpellier. Il est l'auteur de l'essai Orwell, anarchiste tory, éd.Climats, 1995 et de l'ouvrage Les intellectuels, le peuple, et le ballon rond, éd. Climats, 1998.
QUE VIVE L'ECOLE REPUBLICAINE ! , par Charles Coutel, éd. Textuel, coll. Conversations pour demain, n° 14, mars 1999.
Charles Coutel est professeur de philosophie. "Il s'affirme comme "républicain intempestif". Défenseur obstiné de l'instruction publique, laïque et obligatoire, il dénonce l'adaptation de l'école à la logique du marché et s'oppose à la démagogie des partisans de l'école "ouverte" et du "lycée light".
VERS UNE ECOLE TOTALITAIRE ? par Liliane Lurçat, éd. François-Xavier de Guibert, octobre 1998.
Depuis de longs mois, la crise de l'école est au coeur de l'actualité, qu'il s'agisse des faits divers, de la politique ou de débats d'idées qui semblent le plus souvent obscurs au grand public. Mais, en fait, d'une manière accélérée sous la conduite de ses nouveaux responsables, l'école subit en ce moment une transformation radicale, dans ses objectifs, comme dans ses moyens. Ce changement inquiète les parents. Pourtant, ils n'en soupçonnent pas encore l'ampleur. L'objectif, c'est "l'école de masse", où les individualités ne doivent plus être prises en considération. C'est ainsi que la décrivent les sociologues et les "pédagogistes" qui inspirent les décisions ministérielles avec l'ambition de bouleverser la société en commençant par les enfants. Les moyens, c'est "le pédagogisme", c'est-à-dire la prétention de faire de la pédagogie un "en soi" supérieur à toutes les disciplines. En analysant les textes les plus récents des penseurs qui dirigent l'école aujourd'hui, des plus anodins en apparence aux plus confus, Liliane Lurçat discerne clairement, derrière le projet pédagogique, un véritable projet politique : remplacer l'instruction obligatoire par l'école obligatoire, pour créer un "homme nouveau". Une démarche suicidaire vers une école totalitaire ?
Enseignante et chercheur au CNRS, Liliane Lurçat est docteur en psychologie et docteur ès lettres. Elle a mené des recherches dans des écoles maternelles et primaires de Paris et sa banlieue durant toute sa carrière.
LA DESTRUCTION DE L'ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE ET SES PENSEURS, par Liliane Lurçat, éd. François-Xavier de Guibert, février 1998.
Depuis une vingtaine d'années, des formes nouvelles et tout à fait spécifiques sont apparues dans l'échec scolaire. L'auteur, qui a fait de longues études sur l'écriture et le langage écrit de l'enfant, démontre qu'à ces échecs de plus en plus nombreux, correspondent des raisons précises qui tiennent au système nouveau des apprentissages fondamentaux: lecture, écriture, calcul. Elle démonte les mécanismes idéologiques totalement irresponsables à travers lesquels un certain nombre de penseurs, à la fin des années 60, ont entrepris la destruction systématique des grandes bases de l'enseignement élémentaire. Rien de théorique dans sa démonstration. Beaucoup d'exemples concrets grâce auxquels le lecteur, parent d'élève ou, tout simplement, homme de bon sens, découvrira avec stupéfaction une "machination" extravagante contre l'intelligence et le bon sens. Au terme de cette analyse, le plus grand sujet d'étonnement et d'émerveillement que l'auteur nous fait partager, c'est que, malgré tout, tant d'enfants aient pu réussir à s'en sortir.
Enseignante et chercheur au CNRS, Liliane Lurçat est docteur en psychologie et docteur ès Lettres. Elle a mené des recherches dans des écoles maternelles et primaires de Paris et de la banlieue, durant toute sa carrière.
LES SEPT PECHES CAPITAUX DES UNIVERSITAIRES, par Bernard Marris (Ed. Albin Michel).
"Derniers des privilégiés, les universitaires sont les héritiers d'un monde disparu. Mélancoliques, ils écoutent les coups de bélier du futur annoncer l'effondrement de 'la Vieille', l'Alma Mater, la fille historique de l'Eglise : l'Université. De ce monde drapé dans son indépendance mais soucieux de se retrouver toujours du côté du manche, Bernard Maris dresse un inventaire d'une impitoyable mais cocasse férocité. Avec d'autant plus de fougueuse jubilation que cet univers est le sien."
ET VOS ENFANTS NE SAURONT PAS LIRE...NI COMPTER !, par Marc le Bris, éd. Stock, avril 2004, 20,99 €
"Pendant vingt ans, l'Éducation nationale m'a empêché de faire mon métier. À ma sortie de l'école normale, en 1977, j'étais un jeune instituteur progressiste et militant, convaincu de la supériorité de la méthode de lecture dite "naturelle". J'ai tout cru. J'ai tout fait, des groupes, des activités d'éveil, de la grammaire fonctionnelle, de la lecture naturelle, des mathématiques modernes, de l'animation, de l'auto-apprentissage, de l'histoire des objets, du décloisonnement, de la créativité, des études dirigées... Pourtant, les élèves des maîtres plus anciens, qui osaient continuer à faire des dictées ou à apprendre la lecture par syllabage systématique, obtenaient de meilleurs résultats. Les miens, dorlotés par les méthodes modernes, ont subi un handicap scolaire dont j'ai honte aujourd'hui. Honte? Pas tant que ça... Car, comme bon nombre d'entre nous, j'ai corrigé le tir. J'écris ce livre pour alarmer les parents, pour qu'ils sauvent leurs enfants, pour qu'ils fassent le travail de l'école à la maison. La pédagogie moderne ne sert plus qu'à justifier l'abandon des ambitions que nous avions pour nos enfants. Nous avons devant nous une véritable catastrophe culturelle."
Marc le Bris, 50 ans, est instituteur et directeur d'école à Médréac, en Ille-et-Vilaine. Il est membre de l'association Sauver les lettres.
QUI A EU CETTE IDEE FOLLE UN JOUR DE CASSER L'ECOLE ? par Fanny Capel, éd. Ramsay, mars 2004, 289 pages, 20€
Des lycéens de Terminale persuadés que Victor Hugo est un auteur du XVIe siècle, j'en ai croisé des milliers depuis que j'enseigne. Et pourtant, tous finissent par décrocher leur baccalauréat. Leurs parents pensent : « Il est dyslexique, il a eu de mauvais profs, il n'est pas motivé. . . » Et moi, je dois objecter que c'est l'institution elle-même qui orchestre pour les jeunes générations une insupportable privation de savoir. En prenant connaissance des nouveaux programmes du lycée, inaugurés à la rentrée 1999, je me suis rendue à l'évidence. On demandait désormais aux professeurs de français de susciter « le plaisir » des élèves, d'encourager l' « écriture en liberté ». Mais le programme d'œuvres littéraires disparaissait purement et simplement. Sur instructions de l'institution, l'école, devenue donc officiellement un « lieu de vie », a cessé d'être un lieu d'apprentissage. Au fil des réformes de ces quinze dernières années l'enseignement secondaire a ainsi été peu à peu vidé de son contenu. Au nom de la modernité, de la lutte contre l'ennui, de la massification du public scolaire. Cependant, loin d'aboutir à une démocratisation du savoir, le système est plus injuste que jamais. Les plus démunis restent les plus touchés par l'échec scolaire. En réponse à la Lettre à tous ceux qui aiment l'école du ministre Luc Ferry, ce livre présente un contre-diagnostic sur l'état de l'enseignement, et formule des propositions pour son avenir. Refuser la libéralisation du système éducatif, mettre fin au report indéfini des apprentissages, défendre une école régie par des programmes solides et cohérents, qui se donne les moyens de développer les capacités de tous les élèves. Renouer avec un idéal humaniste, auquel les gestionnaires de l'Éducation nationale ont renoncé depuis longtemps. L'auteur ose se faire la voix de milliers de professeurs anonymes qui voudraient résister aux absurdes directives venues d'en haut. Une voix qui mérite d'être entendue par tous les citoyens, pour qu'ils disposent enfin des vrais éléments d'information et qu'ils reprennent les rênes de leur école.
Fanny Capel est une jeune professeur de vingt-neuf ans, agrégée de Lettres modernes. Elle fait partie du collectif Sauver les Lettres, créé en 2000, qui regroupe des professeurs de lettres de collège et de lycée, décidés à travailler pour la défense de la qualité des contenus de l'enseignement.
JOURNAL D'UNE INSTITUTRICE CLANDESTINE, par Rachel Boutonnet , éd. Ramsay, août 2003.
" En fait, dès mon entrée à l'IUFM, j'ai presque
aussitôt compris que je n'avais rien à en attendre. Nous
avons passé en tout et pour tout six heures sur l'année
à l'enseignement de la lecture et de l'écriture ! [...]
J'ai donc résolu de me comporter en reporter clandestin. De septembre
à janvier j'ai tenu un journal tous les soirs, pour résumer
mes journées et mes impressions. Quand l'année s'est achevée,
j'étais épuisée, je ne me sentais pas du tout formée
au métier mais j'étais au moins indemne moralement. J'applique
aujourd'hui des méthodes pédagogiques auxquelles j'ai longuement
réfléchi, qui sont aussi précisément celles
que l'IUFM voue aux gémonies, mais je vois mes élèves
apprendre et en être fiers."
Un document authentique et passionnant : les réflexions stupéfaites,
incisives et incroyablement lucides d'une jeune institutrice, pour la
première fois confrontée à l'école telle qu'elle
est conçue aujourd'hui. On croit rêver parfois...
Rachel Boutonnet est née en 1972. Maîtrise de philosophie. Institutrice depuis trois ans.
CONTRE-EXPERTISE D'UNE TRAHISON, La réforme du français au lycée, par Agnès Joste, éd. Mille et une nuits, octobre 2002.
Promulguée en septembre 1999, la réforme de l'enseignement du français au lycée a déjà connu quatre remaniements. Hésitations, errements, incohérences théoriques, méthodologie douteuse, et avant tout un superbe mépris du travail de concertation avec les enseignants, auront présidé à cette manière, pour le moins surprenante de la part d'un groupe d'"experts", de procéder à l'accouchement de la réforme... Qu'en est-il donc de ces programmes ? Une fois dépassé l'obstacle du jargon linguistico-pédagogique, on ne reconnaît plus grand-chose de la discipline - que l'on soit professeur ou parent d'élève, ayant encore en mémoire les cours du lycée. Disparue la notion d'auteur, disparue l'histoire littéraire, disparue l'analyse des oeuvres pour en dégager le sens...
Agnès Joste, professeur de lettres, s'est livrée à une lecture méticuleuse et édifiante des textes du ministère; où l'on découvre que la conception de la littérature qui y est véhiculée est une conception techniciste, qui vise avant tout à inculquer aux élèves, non pas une liberté d'esprit, mais des techniques communicationnelles et consensuelles ; que le dénigrement de l'étude de la littérature va de pair avec un mépris des professeurs et de leur désir de transmission des savoirs. Agnès Joste est membre du collectif "Sauver les lettres", qui entend mettre fin à la surdité du ministère de l'Éducation nationale et des inspecteurs, et ouvrir le débat. Ce débat ne concerne pas leur seule profession, on l'aura compris. Parce qu'il y va de la formation de nombreuses jeunes générations, de la maîtrise de leur langue, de la lecture des grandes oeuvres littéraires, de la culture enfin.
SAUVER LES LETTRES, des professeurs accusent, éd. Textuel, coll. Conversations pour demain, n°20, septembre 2001, avec une postface de Danièle Sallenave
"Confronté à la montée de lilettrisme, dévoyé
en "discipline carrefour" par les dernières réformes, l'enseignement
des lettres dans le secondaire est à la croisée des chemins.
Trente ans de réformes ont fait qu'une dictée du nouveau
brevet des collèges 2000 ne compte plus que 60 mots et qu'il s'en
est fallu de peu que la dissertation ne soit remplacée par une
rédaction au baccalauréat.
Dans cet entretien, à partir de leur expérience quotidienne,
des professeurs du secondaire veulent montrer précisément
à tous en quoi les querelles sur les méthodes d'enseignement
et les contenus des programmes de français recèlent des
enjeux fondamentaux, philosophiques et politiques".
Des milliers d'écoles fermées. Des millions d'enseignants mis à pied. Des dizaines de millions d'enfants à peine alphabétisés. Les autres, obligés de payer, et cher, pour apprendre. Science-fiction ? Non ! C'est la stratégie secrètement mise en oeuvre aujourd'hui pour privatiser l'enseignement. Partout dans le monde. Une catastrophe culturelle, sociale et démocratique sans précédent si cette stratégie aboutit. Cet ouvrage salutaire la dévoile, preuves à l'appui. Le lire, c'est entrer en résistance.
Gérard de Sélys : journaliste et essayiste belge
dont les livres, les révélations et les chroniques radiodiffusées
remuent les méninges et secouent les institutions depuis des années.
A publié, entre autres, Médiamensonges, Alinéa
3, L'Europe telle qu'elle et Privé de public, A qui profitent
les privatisations ? (EPO).
Nico Hirrt : enseignant belge, auteur de L'école sacrifiée
(EPO) et animateur de l'APED (Appel Pour une Ecole Démocratique).
Nous donnons ci-après quelques références d’ouvrages ou de sites internet de
droit concernant les professeurs agrégés.
Loin de chercher à être exhaustifs, nous ne mentionnons ici que les ouvrages
les plus accessibles, les plus complets ou les plus adaptés.
LA FONCTION PUBLIQUE, TRAITE GENERAL, 2e édition, par Alain
PLANTEY, Litec, ISBN, 2-7111-3259-5 (coûte un peu plus de 100
€ ).
L’ouvrage de référence.
Attention aux quelques erreurs dans les renvois aux paragraphes.
DROIT ADMINISTRATIF GENERAL tome 2,, par René CHAPUS, collection Domat droit public, Montchrestien.
CODE GENERAL DE LA FONCTION PUBLIQUE , Didier Jean-Pierre, Litec.
Cet ouvrage présente un ensemble de textes applicables avec annotations
(il n’existe pas de " code " au sens strict pour la fonction publique
comme il y a un code civil ou un code de l’éducation).
L'ACTUALITE JURIDIQUE DE LA FONCTION PUBLIQUE ( AJFP ).
Revue "papier" .
Etre agent public, par Marcel Piquemal - Editions Papyrus
(2004)(13€)
"Etre agent public c'est cette femme ou cet homme chargé, au sein de
la société civile, des missions d'intérêt général, permanentes ou temporaires,
dans tous les domaines de l'activité sociale. Les soubresauts qui, depuis
une quinzaine d'années, secouent notre continent - et la France en particulier
- ont brouillé son image. Au portrait d'une puissance ombrageuse, redoutée
et souvent honnie, s'est ajoutée l'idée d'un être mal aimé et, pour tout
dire pour certains, inutile. Il fallait réagir. L'Essai veut y contribuer.
Aussi son but est de présenter une image autre de l'agent public que celle
que lui attribue une partie de l'opinion. Au centre de la société civile,
existe le service public. Au coeur du service public, agit l'agent public.
C'est là le pivot autour duquel rayonnent toutes les composantes de ce nouveau
sujet. Mais ce genre d'étude ne peut livrer que des évocations sommaires.
C'est pourquoi d'autres travaux suivront."
Marcel Piquemal, agrégé des Facultés de Droit. Universitaire et essayiste.
Auteur de nombreux livres, articles et notes sur le droit de la fonction publique, le droit international et les sciences politiques - Spécialiste des problèmes de la fonction publique.
CODE DE L'EDUCATION, par Claude DURAND-PRINBORGNE
et André LEGRAND, Litec (de préférence au code Berger Levrault)
Pour avoir toujours des dispositions à jour, télécharger le code (non annoté)
sur le site Legifrance, car des modifications surviennent de temps à
autres ; prendre l’habitude de vérifier le libellé précis et en vigueur
d’un article !
DROIT DE LA VIE SCOLAIRE, par BUTTNER, MAURIN et THOUVENY, Dalloz.
RECUEIL DES LOIS ET REGLEMENTS ( RLR )
Disponible dans les établissements d'enseignement sous forme papier et également
sur CDrom.
Ensemble de textes applicables aux enseignants, mis à jour plusieurs fois
par an.
ORGANISATION ET GESTION DE L'EDUCATION NATIONALE, par Jacky SIMON, Berger Levrault. (davantage pour les renseignements que pour les analyses).
DROIT ADMINISTRATIF GENERAL, tome 1, par René
CHAPUS, collection Domat droit public, Montchrestien.
L' ouvrage de référence.
LE RAPPORTS ANNUELS DU CONSEIL D'ETAT
disponibles à la Documentation française ou, pour les plus récents, téléchargeables
sur le site du Conseil d’état.
Cf. notamment :
Ouvrages de référence :
DROIT DU CONTENTIEUX ADMINISTRATIF, par René CHAPUS,
collection Domat droit public, Montchrestien.
Très volumineux, mais le plus complet.
LA PRATIQUE DU CONTENTIEUX ADMINISTRATIF, par Daniel CHABANOL, Litec.
Les deux CODES DE JUSTICE ADMINISTRATIVE suivants, tous deux bien faits et complémentaires : le premier écrit par un Conseiller d’état, le second par des avocats.