Sur l'agrégation

Sur l'agrégation

Spécificité de l'agrégation

L’agrégation externe, en tant que concours, constitue une spécificité, non seulement dans le monde, mais aussi …en France .
Les modes d’obtention de l’agrégation, tant dans leur principe que dans leurs modalités, constituent une autre spécificité de l’agrégation.

1) Spécificité constituée par l’agrégation externe

L’agrégation externe ne doit pas être considérée uniquement comme un concours de recrutement dans la Fonction publique.
Elle constitue également un examen sanctionnant un niveau minimal dans la maîtrise d'une discipline et dans l’aptitude à en transmettre les méthodes et les contenus : les jurys d’agrégation ont la possibilité, et ils en font usage, de refuser des candidats dont le classement ouvrirait l’accès à un emploi de la fonction publique mais dont le niveau insuffisant s'oppose à l’obtention du titre d’agrégé.
L’agrégation doit être envisagée, de plus, comme une inscription sur une liste de qualification pour exercer dans l’enseignement supérieur : en effet, elle ouvre droit à se porter candidat à des postes de PRAG ou de professeurs en CPGE , attribués par un jury constitué soit d’universitaires de l’établissement d’enseignement supérieur, soit par le collège des inspecteurs généraux.
Rappelons pour terminer que le champ d’intervention possible d'un agrégé dans l'enseignement se déroule de la classe de sixième jusqu'au niveau bac+ 5. L'agrégation permet également d'occuper des postes spécifiques (détaché à la Bibliothèque Nationale, par exemple) ouverts à ses lauréats.

L'agrégation est donc le concours qui ouvre au plus large domaine d'intervention dans la fonction publique enseignante.

2) Différentes voies pour devenir agrégé

Il y a trois voies, principalement, pour devenir agrégé :

Afin, que l’agrégation ne se réduise pas une simple promotion d’enseignants du second degré, ainsi que le souhaitent la plupart des autres syndicats, mais qu’elle garde la spécificité que le confère la vocation énoncée dans les statuts actuels des professeurs agrégés (article 4), et donc, son caractère universitaire, le SAGES œuvre pour la disparition de l’agrégation "au tour extérieur", et pour que le concours interne soit rapproché du concours externe, tant dans sa nature que dans ses modalités.
Pour en savoir plus

La fonction de professeur agrégé

Les obligations de service statutaires du professeur agrégé sont définies principalement par l’article 4 du statut (décret 72-581 du 4 juillet 1972) : "Les professeurs agrégés participent aux actions d'éducation principalement en assurant un service d'enseignement. Ils assurent ce service dans les classes préparatoires aux grandes écoles, dans les classes de second cycle des établissement du second degré, dans des établissements de formation et, exceptionnellement, dans les classes de premier cycle des établissements de second degré. Ils peuvent également être affectés dans des établissements d'enseignement supérieur".

Ces obligations ont été "complétées" en application de la loi d’orientation du 10 juillet 1989, ou "Loi Jospin", par la disposition suivante : "Dans ce cadre, ils assurent le suivi individuel et l'évaluation des élèves et contribuent à les conseiller dans le choix de leur projet d'orientation". Le SAGES estime qu’il ne faut pas donner trop de portée à cette obligation, qui doit demeurer accessoire et occasionnelle. La fonction principale du professeur doit rester l’enseignement, et il ne doit pas pouvoir être requis de façon discrétionnaire et exagérée par l’administration pour exercer des fonctions de conseiller d’orientation, de psychologue scolaire, voire d'assistant social à titre habituel, au risque sinon de dénaturer sa mission fondamentale de transmission des connaissances.

Dans le supérieur, les obligations de service du professeur agrégé (dit "PRAG") sont définies particulièrement par le décret n° 93-461 du 25 mars 1993 (dit décret Lang), qui dispose que les professeurs agrégés "sont tenus d'accomplir, dans le cadre de l'année universitaire, un service d'enseignement en présence des étudiants de trois cent quatre-vingt-quatre heures de travaux dirigés ou de travaux pratiques". Beaucoup de PRAG exercent par ailleurs d’autres fonctions (administratives, de recherche, de diffusion de la culture scientifique et technique) qui ne sont pas équitablement comptées dans le service , ni d’ailleurs dans l’évaluation et la promotion. Le SAGES demande d’une part la réduction du service statutaire à 288 h d’équivalent TD, et a par ailleurs formulé des propositions relatives aux fonctions autres que d’enseignement et à leur prise en compte dans l’évaluation et la promotion.


Le corps des agrégés et les autres corps enseignants

Dans la Fonction publique, les corps d'enseignement n'entretiennent pas entre eux de rapports hiérarchiques. Leur actuel découpage est seulement fonction du niveau (de l'enseignement primaire à l'enseignement supérieur) et du type d'intervention (enseignement à des publics plus ou moins spécifiques ; enseignement assorti ou non d'obligations de recherche). Chacun de ces corps a une vocation spécifique précisée par des statuts, et les épreuves des concours de recrutement sont donc déterminées en fonction des vocations statutaires et des aptitudes correspondantes

Il y a, certes, des domaines d'intervention communs aux différents corps ; il en va ainsi des classes de lycée pour les agrégés et les certifiés, des premier et second cycles universitaires pour les agrégés et les enseignants chercheurs. Le SAGES estime que le recouvrement a des vertus tant qu'il reste raisonnable et limité : il évite les cassures entre les différents cycles et permet une réelle souplesse dans la répartition des enseignements. Pour autant, le SAGES exige que les agrégés continuent à avoir vocation prioritaire à exercer dans les classes de spécialité de première et de terminale, dans les classes préparatoires, et dans le supérieur, et dénonce toute tentative de fusion des corps des agrégés et des certifiés. Il est opposé, en outre, à la présence massive, et souvent non souhaitée, d'agrégés en collège.

Le SAGES demande que l'administration offre de bonnes conditions de préparation aux enseignants d'un corps qui souhaitent intégrer un autre corps (certifiés désirant devenir agrégés, agrégés souhaitant préparer une thèse puis devenir maîtres de conférence ou Professeurs d'université). Notre syndicat, en toute logique, n'admet donc pas que deviennent agrégés des personnels dispensés du concours, ce qui, selon lui, constitue une atteinte regrettable au principe républicain du recrutement par concours, et dénature gravement, et le statut, et la qualité d'agrégé.

Enfin, le SAGES est opposé à une formation pratique des agrégés stagiaires confondue avec celle d'autre(s) corps, telle qu'elle se pratique actuellement dans les INSPE (ex ESPE-IUFM). Il demande que cette formation prenne en compte les vocations spécifiques du corps des agrégés. Voir le document intitulé "titularisation et formation pratique des professeurs agrégés"

Formation

Préparation au concours d'agrégation

Un agrégé a pour rôle et pour mission de dispenser des cours de niveau universitaire, ou de préparer ses élèves à la poursuite d'études universitaires. En conséquence, la préparation au concours d'agrégation doit rester universitaire, tant dans son esprit et dans sa vocation que dans son cadre, qui doit demeurer celui des Universités et des Ecoles normales supérieures.


Formation pratique : propositions du SAGES

La formation pratique du professeur agrégé doit être retirée aux INSPE (ex ESPE-IUFM), dont la politique pédagogique s'articule en priorité autour des formes de travail, de réflexion et d'autonomie mises en œuvre du collège jusqu'à l'entrée au lycée.
Elle doit consister principalement en un stage d'enseignement en situation dans des classes où il a vocation à enseigner, et donc être partagée entre les classes préparant au baccalauréat (première et terminale) et les classes post-baccalauréat (BTS, CPGE ou Université).
Elle doit être assurée par des pairs de la discipline.

1) Des stages en situation

Au diptyque collège/lycée actuellement en vigueur, qui n'est pas adapté, nous substituons le diptyque lycée/enseignement supérieur, qui correspond au domaine de compétence de principe et statutaire des professeurs agrégés. Nous proposons que la formation pratique du professeur agrégé nouvellement titularisé consiste en deux stages annuels en situation, l'un dans une classe de lycée-première ou terminale-, l'autre dans l'enseignement supérieur, chacun de ces stages étant encadré par un conseiller pédagogique, agrégé dans la discipline, familier du niveau d'exercice et des publics d'élèves ou d'étudiants visés.

2) Des conseillers pédagogiques volontaires

Un conseiller pédagogique doit être un personnel volontaire, souhaitant s'impliquer dans l'accompagnement de stagiaires, sa rétribution consistant, au choix, entre une décharge de service et une rémunération complémentaire équivalente à ladite décharge.
Il aide à l'élaboration de l'enseignement sous ses différents aspects, assiste aux cours, et met le stagiaire en situation dans sa propre classe. L'aide est personnalisée, et, en s'inscrivant dans une perspective générale, elle débarrasse le stagiaire de formations annexes inadaptées.
Les conseillers doivent pouvoir se concerter et éventuellement former de futurs conseillers pédagogiques.

3) Une évaluation portant sur les seules compétences pédagogiques du professeur stagiaire

A l'issue de l'année, un inspecteur assiste à une leçon du professeur agrégé, aux côtés des conseillers pédagogiques. L'évaluation, est conduite conjointement par l'inspecteur et les conseillers, qui délibèrent collégialement sur la prestation. L'évaluation en situation doit être complétée par un entretien avec l'inspecteur et les conseillers pédagogiques, avant et/ou après la leçon. Elle débouche sur des appréciations portées dans le dossier du professeur.

4) Une formation administrative et juridique

Les fonctions d'un professeur supposent des droits, des devoirs et des responsabilités. Une formation administrative et juridique doit être proposée aux professeurs stagiaires, dispensée aussi bien par des intervenants appartenant à l'administration active (chefs d'établissement, personnels de l'administration centrale et des rectorats), que par des intervenants extérieurs à l'Education nationale.

Pour en savoir plus : "titularisation et formation pratique des professeurs agrégés: l'entrée dans le métier" :


Un recrutement par concours

L’accès à certaines professions ou situations doit beaucoup, voire tout, à la filiation, aux relations, à la fortune, à l’appartenance à un milieu donné.

La tradition républicaine a au contraire, et depuis longtemps, organisé par voie de concours l’accès aux emplois de professeurs.

Parmi ces concours, celui de l'agrégation externe présente des qualités particulières : outre qu'il comporte des épreuves de nature et de niveau universitaires, il est national, anonyme, et impartial.

Il diffère ainsi du concours du CAPES, dont les épreuves orales sont d'un autre niveau puisqu'elles portent exclusivement sur le programme du second degré.

Il se distingue ensuite du mode de recrutement des enseignants chercheurs, par exemple, puisque ce dernier, qui n'est ni national ni anonyme, obéit à des critères qui sont peu objectifs : on connaît la primauté souvent accordée aux candidats "locaux".

Le recrutement par concours ne nous semble en rien dépassé ; ainsi les universités étrangères et les organisations internationales les plus prestigieuses (notamment de l’Union européenne) procèdent de la sorte pour les postes qui requièrent une haute qualification professionnelle.

Mais pour que le titre d'agrégé témoigne d'une compétence réelle, c'est-à-dire qu'il ne relève en rien d'influences ou de sympathies de nature relationnelle s’exerçant sur un jury, il ne doit pouvoir être obtenu que par le biais d'un concours, anonyme, et portant sur des épreuves écrites et orales destinées à évaluer les qualités de maîtrise d'une discipline, avec un jury collégial, constitué des seuls pairs de la discipline.

C'est pourquoi le SAGES demande la suppression pure et simple de l’agrégation "par liste d’aptitude", encore dite "au tour extérieur".

Notre syndicat réclame également des aménagements de l’agrégation interne de sorte qu'elle offre partout les mêmes garanties universitaires que l’agrégation externe. Il est en outre nécessaire qu'elle soit mise en conformité avec le droit communautaire, de façon à permettre aux ressortissants européens le même accès qu'à l'agrégation externe.